Armand Boisseau
1919-1922


Tristement célèbre en son temps et presque complètement oublié aujourd’hui, Armand Boisseau nait le 12 mai 1887 à Saint-Hyacinthe. Il est le fils du notaire François-Xavier-Alphonse Boisseau et de Zéphirine Marchesseault. Après des études au Séminaire de Saint-Hyacinthe, au Collège Sainte-Marie et à l’Université Laval à Montréal, il devient notaire en 1911. Il exerce le notariat pendant quelques années à l’étude de son père, puis à celle de René Morin, le maire de la ville. Lorsque son père démissionne de son poste de greffier de la Cour du magistrat de Saint-Hyacinthe, Armand est nommé à sa place en août 1917. Peu de temps après, le maire Morin dont il est l’associé, quitte la mairie de façon plutôt abrupte. Dans ses mémoires, T.-D. Bouchard affirme que Boisseau avait mis le maire dans l’embarras en cherchant à faire adopter un règlement municipal de façon à faire obtenir frauduleusement un contrat somptueux à un entrepreneur montréalais de ses amis. La démission du maire fit en sorte que ce premier scandale passa assez inaperçu et ne causa pas trop de dommages à la réputation de Boisseau.

Bouchard devient alors maire de Saint-Hyacinthe. Il est déjà député libéral au provincial depuis 1912. Boisseau veut lui succéder aux élections législatives suivantes. Il achète dès 1917 le journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe, pourtant conservateur et clérical. Il se sert de cette tribune pour tenter de discréditer Bouchard à chaque fois qu’il en a l’occasion. Lorsque s’annoncent les élections provinciales de 1919, Boisseau, avec l’aide du député libéral fédéral, Louis-Joseph Gauthier, monte une cabale contre Bouchard, pourtant choisi candidat officiel à l’investiture. Après avoir sondé ses appuis, et surtout après avoir constaté que le premier-ministre Lomer Gouin n’appuyait que tièdement la candidature de Bouchard, Boisseau se présente contre lui comme candidat libéral indépendant. Il remporte le comté par une majorité de 500 voix.

Cette défaite laisse un goût amer à Bouchard qui soupçonne rapidement son adversaire de malversations. En effet, il devient vite évident que la campagne menée par Boisseau a coûté très cher. En fait, Boisseau avait dépensé 72 000 $ pour se faire élire, une somme pharamineuse pour l’époque. T.-D. Bouchard porte plainte et exige une enquête. Il appert que l’argent amassé par Boisseau le fut de façon frauduleuse. C’étaient des sommes que lui avaient confiées des clients de son étude pour être placées sur hypothèque. Il avait détourné ces fonds pour sa campagne électorale. C’est ainsi qu’en février 1922 il démissionne de son poste de député. L’élection elle-même est annulée le 22 mars de la même année. Puis, le 21 octobre, il est radié du notariat. Au bout d’un procès retentissant, il est condamné à deux ans de prison qu’il purge au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. Son père, bouleversé par ce déshonneur qui s’abat sur sa famille, déshérite Armand au profit de ses deux sœurs, Laura et Alice. Il meurt un an plus tard, probablement rongé par les répercussions du scandale. Quant à Armand Boisseau, à sa sortie de prison, il s’en alla vivre à Montréal où il travailla comme ajusteur-estimateur. Il meurt à Montréal le 18 septembre 1962, deux mois avant Télesphore-Damien Bouchard. 

La portion de la capsule ayant trait à Armand Boisseau débute à partir de la deuxième minute de visionnement.

 

Photo:
Armand Boisseau. La photo est une courtoisie du bureau de Madame Chantal Soucy.

Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.

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