Les Maskoutains aux Jeux olympiques (2)

Depuis quelques jours, on célèbre sur toutes les tribunes le 40e anniversaire des Jeux olympiques de Montréal. Ces rappels historiques feront bientôt place aux Jeux olympiques de Rio. Pour le Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, le moment est donc propice pour vous présenter une série d'articles à propos des Maskoutains qui ont pris part aux Jeux olympiques d'été ou d'hiver.

Aujourd'hui, on vous présente Robert Rousseau, un joueur de hockey surtout connu pour sa carrière avec les Canadiens de Montréal. Mais avant de revêtir la « Sainte Flanelle », le jeune Rousseau se voit offrir la chance de participer aux Jeux olympiques de Squaw Valley, en 1960. 

Il y a 56 ans, Robert Rousseau participait aux Jeux olympiques

À l’instar des ses frères, Robert développe une passion pour le hockey. Il débute dans le hockey organisé avec l’équipe de l’école Casavant et celle de Maurice Charron. Il démontre un tel talent qu’il joint les rangs des Braves de Saint-Jean à l’âge de 15 ans. En 1956, le directeur général des Canadiens lui fait signer un contrat. On l’envoie avec le Canadien jr de Hull-Ottawa pour faire ses classes. Au cours de la saison 1959-1960, alors qu’il joue pour le Canadien jr de Brockville, le jeune Bobby reçoit un appel de Sam Pollock l’informant qu’il sera de l’équipe canadienne aux Jeux olympiques.

Pour une deuxième fois, les Dutchmen de Kitchener-Waterloo représentent le Canada aux Jeux olympiques, car les champions de la coupe Allan de 1959 déclinent l’invitation. Mais les « Dutchies » doivent obtenir des forces fraîches pour être à la hauteur, car certains joueurs sont devenus professionnels. La formation qui se rendra aux Jeux réunit huit joueurs du Kitchener-Waterloo et huits autres athlètes provenant de diverses formations de la Ligue senior de l’Ontario. Un seul joueur junior se joint à l’équipe, il s’agit de Robert Rousseau, que l’on considère comme un des meilleurs espoirs au pays. Mais sa sélection n’est pas automatique, puisque les Dutchmen ont l’œil sur Dave Keon, un autre joueur d’âge junior. Devant l’impossibilité d’obtenir Keon pour les six semaines requises, l’équipe se tourne vers le Maskoutain.

Le 31 janvier, l’équipe prend la direction de la Californie en autobus nolisé. Avant de se rendre à Squaw Valley, le site des Jeux olympiques, la formation doit livrer sept parties d’exhibition l’opposant à des équipes de l’Ouest canadien. Dès son arrivée en Californie, Robert Rousseau témoigne de son voyage dans les pages du Clairon: « Ici tout est de première classe. Nous sommes enfin arrivés à destination jeudi soir vers minuit. J’étais très fatigué car nous avons voyagé toute la journée, de huit heures du matin et sur ce, neuf heures dans les montagnes. […] Nous entreprenons des aujourd’hui un entraînement rigoureux. »

Le Canada joue sa première partie le 19 février, journée des cérémonies d’ouverture. La pression est grande sur l’équipe canadienne : « Il faut absolument que les Dutchmen de Kitchener Waterloo remportent les honneurs du présent tournoi olympique pour prouver à l’Univers notre puissance au hockey » affirme un journaliste de L’Action Catholique. Ce dernier ne sera pas déçu au début, car lors du tournoi préliminaire, le Canada remporte trois victoires. Lors de la deuxième partie, Robert Rousseau s’illustre avec quatre buts dans une victoire de 19 à 0 sur le Japon. 

Les six pays finalistes de la ronde des médailles doivent jouer cinq parties. Le 22 février, le Canada prend la mesure de l’Allemagne 12 à 0. Deux jours plus tard, une victoire de 4 à 0 face à la Tchécoslovaquie permet au Canada de se hisser au premier rang avec les États-Unis. Ces deux équipes s’affrontent le 25 février dans un stade rempli à craquer. Robert Rousseau commente sa partie : « J’ai été dans la mêlée à 5 reprises dans les deux premières périodes, et j’ai eu une couple de chance de compter. Pour ce qui est de la troisième période, j’étais sur le banc et je priais pour que nous gagnions, mais ce fut en vain. » La foule américaine, en liesse, célébre cette victoire inattendue de 2 à 1. Cette défaite du Canada est suivie par une victoire sur la Suède et sur l’Union Soviétique par la marque de 8 à 5.

Avec quatre victoires et une défaite, le Canada doit se contenter de la médaille d’argent, alors que les Américains, invaincus, remportent l’or. Après l’obtention de la médaille de bronze en 1956, une onde de choc traverse à nouveau le Canada qui n’est plus la puissance de « l’Univers »…

Robert Rousseau revient du pays avec une fiche de 5 buts et 4 passes. Dans l’avion du retour, l’entraîneur Bobby Bauer lui dit qu’il connaîtra une belle carrière chez les professionnels. Encore aujourd’hui, le joueur à la retraite se demande le sens de cette remarque alors qu’il a été cloué sur le banc lors des moments les plus déterminants du tournoi.

Mais une médaille oympique, c’est tout de même grandiose. Le 14 mai, les Maskoutains participent à la « Journée Robert Rousseau ». Cet événement, rappelant les beaux jours de Gérard Côté, débute par une parade dans les rues de la ville. À l’Hôtel de Ville, le maire Lafontaine lui remet les clés de la ville et Robert signe son nom dans le livre d’or de la municipalité. La journée se poursuit par un banquet privée au Club de golf. Puis, en soirée, plusieurs centaines de Maskoutains se rendent au Manège militaire où une danse populaire, y est donnée en l’honneur du médaillé olympique.

Photo: 
Sous l'oeil attentif du maire Jacques Lafontaine et des membres de sa famille, Robert Rousseau signe le livre d'or de la Ville de Saint-Hyacinthe lors de la « Journée Robert Rousseau ».
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH380.

Cet article de Paul Foisy, fut publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 11 février 2010.

Cet article est le deuxième de série de quatre.

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