Le 23 juin 2019, l’évêque de Saint-Hyacinthe célébrait la dernière messe qui marquait la fin de la vocation religieuse de l’église Notre-Dame-du-Rosaire. Pour l’occasion, nous avons pensé reproduire un texte de Jules A. Plourde, o. p. qui raconte l’odyssée de la vieille cloche paroissiale. Rappelons que cette cloche fut exposée à l’extérieur de l’église à partir de 1977, année où l’on célébrait le bicentenaire de la paroisse-mère de Saint-Hyacinthe. Malheureusement, cette cloche fut volée au mois d’octobre 2015. Place à l’histoire de cette vieille cloche!
« En 1783, le premier curé, messire François-Xavier Noiseux, n’avait pu convaincre ses paroissiens d’en acheter une pour l'église de bois qu’il leur avait fait construire, aux coins des rues Girouard et Bourdaqes. Son successeur, messire Durouvray, fut plus heureux. Il parvint en acheter une pour 274 francs. Le 16 août 1784, en la fête de Saint-Hyacinthe, patron de l’église, on présida au baptême de cette cloche. Le curé Noiseux y présida et devint parrain de la dite cloche, avec la seigneureuse (sic) veuve Hyacinthe Delorme, comme marraine... Cette cloche fut montée au clocher de la première église paroissiale (faite de bois); elle fut transférée au clocher de la première église de pierre bâtie en 1796 sur l’emplacement de l’actuelle, et elle continua à sonner ainsi jusqu’au jour de 1846, où une tornade jeta le clocher à terre, avec sa locataire. Elle y perdit de sa voix, et le curé Crevier dut aviser pour la faire refondre.
C’est Pierre Soly, de Saint-Hyacinthe, qui la fondit en ses fourneaux. On la fit faire aussi grande à l’intérieur qu’elle était à I’extérieur. Si l’inscription gravée sur l’actuelle cloche exposée sur son monument cite le baptême qu’elle reçut le 21 ami (mai) 1846 par le curé Crevier, avec parrain et marraine Pierre Édouard Leclère et sa femme Josephte Castonguay, on peut toujours vénérer en elle l’antique cloche refondue.
Elle sonna sur l’église Crevier, puis enfin, sur l’église Resther, l’actuelle, construite en 1861. Mais un jour, le 10 août 1879, une autre pensionnaire vint loger au clocher. Le curé dominicain Alvare Blanchard, ne prisant guère la voix fêlée de l’antique cloche, en fit fondre une à Lyon. C’est la grosse cloche actuelle, au son merveilleux, qui règne au clocher de Notre-Dame. Elle fut baptisée Notre-Dame du Rosaire, et porte en inscription : ``L’ancienne France m’a envoyée, la nouvelle France m’a reçue: la fille chante d’accord avec sa mère’’. Quant à la vieille cloche, elle quitta Saint-Hyacinthe en 1890, remise par le curé Côté à la nouvelle paroisse de Saint-Thomas d’Aquin.
Vers 1907, elle déménagea à nouveau, pour se retrouver finalement à Adamsville, jusqu’en 1927. Le Séminaire, après le feu de cette époque, en fit l’acquisition pour sonner ses heures de prière. Cela fait donc 50 ans cette année (en 1977) que le Séminaire logeait la vénérable cloche. »
Il n'y a pas à dire, au fil des ans, de nombreux Maskoutains ont entendu résonner le timbre de cette cloche. Ainsi donc, elle possédait une grande importance historique qui fut soulignée lors des fêtes du bicentenaire du mois d'octobre 1977. Le père Plourde : « C'est la fête des paroisiens et paroissiennes d'autrefois, comme d'aujourd'hui, qui, par leur foi chrétienne et leur solidarité humaine, ont su et essaient encore aujourd'hui de promouvoir les intérêts de Dieu et la fraternité paroissialle. Le témoin muet de cette fidélité est l'antique cloche paroissialle qu'on a mise à l'honneur auprès de son église, pour rappeler aux fidèles d'aujourd'hui ces paroissiens d'autrefois qui, à son appel, se regroupaient dans la maison de Dieu.»
Quand on y songe un peu, c'est vraiment dommage que cette cloche soit disparue de l'espace public. Son absence aujourd'hui demeure une grande perte pour l'histoire et le patrimoine de Saint-Hyacinthe.
Photo:
Installation de la vieille cloche paroissiale près de l'église Notre-Dame-du-Rosaire en 1977. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH479/2.
Paul Foisy, juin 2019.