Bientôt, la coupe Telus 2020 (3)

Dans quelques semaines, la ville de Saint-Hyacinthe sera l'hôte du championnat canadien de hockey midget. Ce tournoi qui se déroulera du 20 au 26 avril 2020, mettra en scène les meilleures équipes de hockey midget au pays. « L’équipe hôte des Gaulois a pris part aux tournois de 2003 et de 2010, terminant deuxième et quatrième respectivement, alors que l’équipe était connue comme les Gaulois du Collège Antoine-Girouard. Des équipes représentant les régions Atlantique, Centrale, Ouest, Québec et Pacifique se joindront à l’équipe hôte lorsque le tournoi se mettra en branle en avril ».

Afin de souligner la présentation de cet événement majeur, le Centre d'histoire prépare actuellement une exposition virtuelle sur l'histoire du hockey à Saint-Hyacinthe. Aujourd'hui, on vous présente un texte écrit par le chercheur Paul Foisy sur un fait l'équipe les Lyons de Saint-Hyacinthe.

Tour d'horizon
En janvier 1950, plusieurs joueurs maskoutains sont dispersés sur la planète hockey. D’abord, Jean-Paul Gladu est toujours actif dans la Ligue américaine avec le Saint-Louis, de même que Guy Leclerc, qui garde les buts du New-Haven. Fernand Gladu et Paul Leclerc portent les couleurs du Sherbrooke dans le Senior. Claude Savary joue pour une équipe de la Ligue intermédiaire et quatre jeunes Maskoutains s’alignent pour des équipes juniors A. Il s’agit de Roland Rousseau pour le National, de Pete Girouard pour le Trois-Rivières, de Réal Jacques du Royal de Montréal et de Bernard Lemonde de Québec. D’autres Maskoutains portent l’uniforme des Saints et jouent sous les ordres d’Oscar Aubuchon, l’entraîneur de l’équipe locale de la Ligue provinciale intermédiaire.

Les Lyons, un club champion
Au début de la saison 1950-1951, Léo Trudel et Léo Théroux, les deux propriétaires de l’équipe des Saints, adoptent le nom de Lyons pour leur formation. Lors du camp d’entraînement, Aubuchon déclare que jamais un tel groupe de joueurs talentueux ne s’est présenté à un camp d’entraînement à Saint-Hyacinthe.

Le résultat de la partie d’ouverture semble lui donner raison, puisque les Lyons dévorent l’équipe de Lachine par le compte de 12 à 4. Les 2500 spectateurs présents sortent de l’enceinte du stade en affichant beaucoup d’optimisme envers leur équipe. À la fin novembre, le club domine la ligue avec douze victoires, une défaite et une partie nulle. Avec 56 points, Claude Savary occupe le premier rang des compteurs. Il est suivi de Gerry Gravel, du Saint-Hyacinthe, et de trois autres joueurs des Lyons.

Afin d’attirer les spectateurs, les propriétaires organisent le tirage d’une voiture. Malgré les blessures qui surviennent, les Lyons terminent la saison en tête du classement. Lors de la dernière partie de la demi-finale contre Joliette, plus de 5200 spectateurs payants envahissent le stade! Le journaliste du Clairon précisent que ce chiffre n’inclut pas les officiels, les journalistes, les policiers et les placiers. La plus grosse foule jamais enregistrée à l’aréna fait un tapage incroyable lors de cette  excitante partie remportée par les Maskoutains.

En finale, les troupiers d’Aubuchon affrontent les Rapides Lachine. Affamés, les Lyons deviennent champions de la ligue en quatre parties. Puis, ils remportent le titre de champions provinciaux intermédiaires en prenant la mesure des Maroons de Waterloo.

La saison suivante, le gérant des Lyons s’entend avec Franc Selke, le directeur général du Canadien, afin que le club local soit affilié au Royal de la Ligue Senior. Tout au long de la saison, le club oscille entre la première et la deuxième position au classement. Le cerbère Sam Renaud garde toujours les buts, tandis que Fernand Gladu vient ajouter du « punch » à l’attaque. Gerry Gravel et Claude Savary, quant à eux, portent toujours les couleurs maskoutaines. Les Lyons terminent au premier rang du classement, mais s’inclinent en demi-finale contre St-Jérôme.

En 1952-1953, la Ligue Provinciale Sr est plus forte, car le nombre de circuits de l’Ontario et du Québec a diminué. Il y a donc beaucoup plus de joueurs seniors sur le marché. Quelques changements surviennent à Saint-Hyacinthe, alors que le club devient la propriété d’hommes d’affaires regroupés sous le nom de « Les Sports d’Hiver Maskoutains inc ». Alors que Léo Théroux cumule les postes de vice-président et gérant, le club est présidé par Georges Chapdelaine. Léo Trudel est toujours présent comme directeur. D’autres personnalités maskoutaines s’ajoutent à l’équipe : mentionnons Philippe Pothier, Marcel Gaudette, Fernand Choquette, Lucien Larivée et Jacques Giard, en tant que secrétaire.

Au terme de la saison, Fernard Gladu remporte le championnat des compteurs de la ligue avec 45 buts et 52 assistances. Les Lyons terminent en deuxième place et sont éliminés dès la première ronde des séries.

Mais la saison n’est pas un succès financier. Au cours des 33 joutes locales, 34 255 personnes ont franchi les guichets. La vente de 20 000 programmes amène 2000 $ dans les coffres de l’équipe. Cependant, des revenus insuffisants et des dépenses de plus de 40 000 $ conduisent à un déficit de plus 10 000 $! Bien que la municipalité verse un octroi de 2 500 $ à l’équipe, elle sort gagnante puisqu’elle empoche plus de 7 500 $ en revenus de location de l'aréna,

En début de saison 1953-1954, Oscar Aubuchon lance un appel à la population pour qu’elle soutienne l’équipe. Mais l’appel demeure sans écho : en janvier 1954, les propriétaires ferment les livres.

Après quelques saisons, les Lyons disparaissent en laissant le souvenir d’un club qui aura réussi à faire vibrer, pendant un certain temps, le cœur des amateurs de hockey de Saint-Hyacinthe.

Photo:
Quelques joueurs maskoutains qui se sont illustrés dans le hockey : Oscar Aubuchon à gauche, Réal Jacques, 4e à partir de la gauche et Fernand Gladu, à droite. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, CH548 Raymond Bélanger, photographe.