Par Daniel Girouard
Alors que débute une nouvelle année scolaire, il m'apparaît important de rappeler la mémoire de ce grand homme qui a tant fait pour l'éducation à Saint-Hyacinthe.
Né à Boucherville le 7 octobre 1762, Antoine Girouard est orphelin de père dès sa naissance. Après ses études au collège Saint-Raphaël de Montréal, puis au Grand Séminaire de Québec, il est ordonné prêtre en 1785. Il travaille d'abord comme missionnaire à la Baie-des-Chaleurs, puis comme curé à Pointe-aux-Trembles pendant une quinzaine d'années.
À son arrivée à la cure de Saint-Hyacinthe en 1805, la nouvelle église en pierres, construite en 1796, a remplacé depuis 9 ans la vieille chapelle de bois construite en 1780. Le bon curé se désole de constater qu'il n'y a alors aucun lieu d'enseignement. Ardent défenseur de l'éducation, cet homme déterminé ouvre en octobre 1809 une première classe de grammaire dans la sacristie, y recevant une vingtaine d'élèves. Cette initiative est tout à fait personnelle et évidemment non rémunérée.
En février 1810, l'Évêque de Québec, qui voit d'un très mauvais oeil l'utilisation de la sacristie comme salle de classe, l'oblige à la quitter. Comme tout bon Girouard qui se respecte, le curé déménage alors sa classe dans la salle des habitants, attenante au presbytère. L'éducation est son fer de lance, et personne ne saura l'empêcher de mener à bien la mission qu'il s'est confiée.
L'année suivante, il fonde, toujours avec son argent personnel, le collège Saint-Antoine, qui est l'un des tout premiers établissements d'enseignement secondaire du Québec et qui deviendra plus tard le Séminaire de Saint-Hyacinthe. En 1816, il fonde le Couvent Notre-Dame-de-Lorette, en installant des religieuses de la Congrégation Notre-Dame dans la maison Picard, qu'il a lui-même acheté. On y dispense l'éducation aux filles. Le couvent, situé à l'emplacement actuel de l'édifice de Postes Canada, est construit en 1851 et en 1858 les Soeurs de Notre-Dame cèdent leur place aux Soeurs de la Présentation de Marie. À cette époque, on accueille déjà 500 élèves. En 1876, la communauté fait construire un nouveau couvent, qui sera plus tard connu sous le nom de Collège Saint-Maurice.
Afin de réaliser ses ambitieux projets, auxquels il a généreusement contribué, il récolte également le soutien des seigneurs, notamment de la famille Dessaulles dont il est un proche. Grâce à lui, Saint-Hyacinthe se démarque durablement comme l'un des centres intellectuels les plus dynamiques de la province de Québec.
En visite chez son excellent ami M. Deguise, curé de Varennes, le curé Antoine Girouard y meurt subitement le 3 août 1832, à l'âge de 69 ans. Le cortège funèbre, selon Mgr Joseph-Sabin Raymond, est formé d'une file de voitures longue de deux lieues. Ses funérailles sont chantées dans l'église Notre-Dame-du-Rosaire où il est inhumé dans le choeur, du côté de l'Évangile. Après 29 ans, ses restes sont exhumés et transportés dans un petit cimetière aménagé derrière le collège neuf. Aujourd'hui sa dépouille repose dans la crypte du Séminaire de Saint-Hyacinthe.
Au nom de tous ces milliers d'étudiants et d'étudiantes, merci messire Antoine Girouard.
Photo :
Peinture d'Antoine Girouard par Dulongpré.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH001.