René Lévesque, journaliste pour
Le Clairon de Saint-Hyacinthe 1946-1949 (1)

Par Jean-Noël Dion
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe, le 17 octobre 2001.

René Lévesque (1922-1987) s’est tout au cours de sa vie consacré au journalisme.   Déjà, au Séminaire de Gaspé, ses travaux littéraires se démarquent des textes de ses compagnons. Au Collège Garnier de Québec, ses dissertations apparaissent dans le journal étudiant tout comme celles rédigées pour L’Envol ou Le Carabin alors qu’il est inscrit en droit à l’Université Laval à Québec.

Son talent de communicateur autant par la parole que l’écriture, lui a permis de travailler dans les principaux médias de l’heure, les journaux et les périodiques, la radio et aux toutes premières heures de la télévision avec l’émission qui le fit connaître Point de mire. À Saint-Hyacinthe, Le Clairon compte parmi les journaux dans lesquelles apparaissent les chroniques du journaliste.

Même s’il ne fait pas partie de l’équipe de rédaction, il faut rappeler brièvement les activités du journal Le Jour fondé par Jean-Charles Harvey en septembre 1937, pour comprendre les débuts de René Lévesque au titre de chroniqueur des arts. Ce périodique, composé de nombreuses chroniques et pages de combat, l’un des premiers au Québec à donner aux arts une place importante, le tiers de ses pages est réservé à ce domaine, prône la « renaissance de la presse libre ». S’il se dit indépendant et sans attache à des partis, il est toutefois soutenu par des intérêts libéraux. Au départ, Jean-Charles Harvey reçoit l’appui de T.-D. Bouchard, appui qui lui permet de fonder son journal. Auparavant, Bouchard avait donné la chance au jeune journaliste Harvey en publiant quelques-uns de ses textes dans Le Clairon. La première impression de Le Jour est vendue à près de 25 000 exemplaires; mais, en 1945, la distribution n’est plus que de 3 000. Le Jour est défini comme un journal culturel, cas unique pour l’époque, intellectuel même et ouvert aux tendances du modernisme, sa fermeture à la fin de juin 1946, laisse un vide qu’essaie de combler aussitôt Le Clairon.

Télesphore-Damien Bouchard (1881-1962), maire et député de Saint-Hyacinthe, est propriétaire du journal Le Clairon dont il conserve les rênes de 1912 à 1954. Ce périodique est vendu principalement dans la région de Saint-Hyacinthe. Bouchard demeure un vieux routier, un modèle dans le journalisme de l’époque. Alors que Le Jour disparaît, le milieu libéral se concerte pour ne pas laisser tomber ce qu’un journal d’avant-garde doit représenter. L’amitié de longue date entre Harvey et Bouchard a sûrement joué en faveur d’une action de relève à prendre. Le Clairon sera donc réorganisé avec de nouvelles chroniques et distribué à Montréal et à Québec. C’est ainsi que du 14 juillet 1946 à la fin de décembre 1949, ce journal maskoutain est disponible en kiosques dans les deux grandes villes du Québec sous le nom de Clairon-Montréal  et Clairon-Québec.

Plusieurs des collaborateurs du journal Le Jour poursuivent leur travail pour Le Clairon. André Bowman, Émile-Charles Hamel, Conrad Langlois, C. de Mestral, Jérôme Séverin pseudonyme de Rex Desmarchais qui s’occupe de la chronique des livres ou qui sous le pseudonyme de D.R. entreprend de rédiger des textes à partir d’extraits de journaux. Font aussi partie de l’équipe de rédacteurs du journal, Georges Lasnier, pseudonyme de Gilbert Larue pour la chronique municipale, André Fallières, pseudonyme de Vincent Brosseau pour la chronique en provenance de Québec, Fidèle Saint-Amant, Félicien Mondor, Étienne Marcel, Paul Pheps Moran, Amédée Gaudreault, Charles Doyon pour la chronique d’art, Louis Lemay, Marguerite Doyon pour ses billets, Berthelot Brunet, Henri Tranquille, Éloi de Grandmont, pour les Lettres.

Les plus connus comme Desmarchais ou Charles Doyon reçoivent cinq dollars par article, les débutants et les rédacteurs d’articles courts perçoivent trois dollars.

René Lévesque au Clairon 1946-1949
Pour le cinéma, Bouchard semble avoir renouvelé l’équipe. Cette chronique n’a jamais paru régulièrement dans Le Jour bien que pour 1946, le directeur permet la publication d’un article une fois par mois. Émile-Charles Hamel, Victor Stoloff, correspondant de Hollywood, mais surtout Jean-Louis de Varro ont la possibilité d’analyser quelques films ou spectacles. Pour Le Clairon, on fait appel à M. Lefebvre pseudonyme de Marcel Vleminck, à René Lévesque du Service international de Radio-Canada et occasionnellement à André Robert du journal Le Canada.

Le premier texte de René Lévesque dans Le Clairon paraît le 2 août 1946, le dernier, le 25 novembre 1949. Le lecteur peut y découvrir trois chroniques : Le Micro concernant la radio, chronique qui s’étale sur la première année de rédaction et qui comprend une dizaine d’articles, Les spectacles (théâtre et spectacles de variétés) 27 articles et Cinéma 89 articles pour un total de 126 articles. Habituellement, les articles sont placés en page 4 du journal dans la section des arts. Le premier texte qui ouvre la série Le Micro s’intitule « La Voix du Canada, Montréal, Canada », le 2 août 1946. Le même jour paraît également le premier texte de la chronique Les spectacles consacré à la présentation d’une pièce de Claudel.

Photo
Badeau de présentation de la chronique de Réné Lévesque dans Le Clairon de Saint-Hyacinthe.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.

Cet article est une le premier d'une série de quatre.

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