Par Paul Foisy
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 31 décembre 2015.
Dès sa deuxième année, en 1951, le Festival du Commerce organise un débat oratoire autour de la question : « Devons-nous ériger un arbre de Noël à l’intérieur ou à l’extérieur du foyer? » Tous les élèves des Commissions scolaires Saint-Hyacinthe, Girouard, La Providence et Saint-Joseph, de la quatrième à la douzième année sont admissibles au concours. Le concours se déroule « dans chaque classe, dans chaque école et, enfin, dans chacun des quatre territoires scolaires », nous informe Le Courrier de Saint-Hyacinthe, du 30 novembre 1951. Les prix rattachés à ce concours sont une montre, une bicyclette, une paire de patins et un ensemble de crayon et plume.
Alors qu’on organise le concours auprès de la population étudiante, les organisateurs du Festival demandent à la population de décorer l’extérieur de leur maison. Qu’on le veuille ou non, ce concours demeure, en quelque sorte, une opération de marketing voulant mettre en avant l’image de Saint-Hyacinthe et son Festival du Commerce.
Comme en 1950, la Chambre de Commerce des Jeunes procède à un dépouillement d’arbre de Noël à l’Académie Girouard en faveur de 300 enfants pauvres et distribue également des paniers de Noël pour 70 familles défavorisées.
Dès sa troisième année, en 1952, le Festival du Commerce contribue à la réputation de Saint-Hyacinthe : « Grâce aux nombreuses illuminations de rue fournies par la Chambre de Commerce, aux joyeux airs des fêtes et aux mélodies d’autrefois diffusées à l’aide de haut-parleurs, la ville de Saint-Hyacinthe prend un aspect qu’on ne trouve pas ailleurs et que les visiteurs remarquent. Des échos en sont venus de partout », souligne le rédacteur du Courrier de Saint-Hyacinthe, le 28 novembre 1952. Afin de stimuler l’achalandage dans les commerces, on procède au tirage d’un poste de télévision, ce qui permettra à une famille de syntoniser la télé de Radio-Canada qui en est à ses débuts en 1952.
L’année 1953 apporte son lot de nouveautés. L’image du Père Noël est utilisée alors qu’on le voit dans un immense traineau installé sur la marquise du marché, face à la rue Saint-Denis. L’inauguration est diffusée lors de l’émission quotidienne L’actualité sur les ondes de Radio-Canada. Pour ajouter à l’ambiance festive de 1953, on fait jouer des airs traditionnels de La Bonne Chanson dans les rues du centre-ville.
En 1954, le Père Noël s’incarne et participe aux activités. Lors de l’inauguration du Festival, réunissant une foule de 2000 personnes au marché, sa présence est plus que désirée alors que « les enfants crient, gesticulent, se faufilent entre les jambes des badauds impressionnés, et attendent avec impatience le grand événement », témoigne le journaliste du Clairon, le 7 décembre 1954. Il poursuit : « Des parents, qui tiennent leurs petits sur leurs épaules jouent des coudes et foncent dans la cohue pour s’emparer des meilleures places. » Puis, le temps du Festival, il se promène en décapotable au centre-ville et il distribue des bons d’achat de 1 $ et 2 $. Au final, le Père Noël offrira plus de 1000 $ en bon d’achat.
Un premier défilé
Bien conscients de la popularité affichée par la population envers le Père Noël en 1954, les dirigeants du Festival s’adressent à la ville de Saint-Hyacinthe qui accepte de remettre 500 $ à l’organisation pour les célébrations de 1955. Pour la première fois, un défilé du Père-Noël est présenté dans les rues de Saint-Hyacinthe. Alors que depuis 1947 le Père Noël arrive en train, à l’invitation du marchand A. Blondin Limitée, en 1955 il fait son arrivée au manège militaire en hélicoptère! Son parrain et son hôte est le marchand Raoul Gaudet qui commandite le char allégorique du Père Noël. Le défilé, composé de cinq autres chars allégoriques rappelant les contes de Cendrillon, du Petit Poucet, du Petit Chaperon rouge, de la mère l’Oie et de la Fée des étoiles, se termine au marché.
En guise de conclusion a cette courte série de trois articles, on peut affirmer que la thématique entourant le Père Noël prendra véritablement son essor à partir de 1954 au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Bien que récupérée à des fins de marchandisation, l’image du Père Noël sera mise à contribution pour stimuler l’imaginaire des jeunes, mais également afin de venir en aide aux plus démunies de notre société.
Photo :
En 1953, on installe un immense traîneau du Père Noël sur la marquise du marché. Raymond Bélanger, collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, CH548.
Cet article est le dernier d'une série de trois.