Par Gilles Guertin
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 24 janvier 1995
Les planches de la première patinoire couverte servirent, tout probablement, à la reconstruction d’une des nombreuses maisons incendiées. Cependant la leçon avait eu le temps d’attirer l’attention de deux promoteurs montréalais. Encore une fois c’était une structure rapidement montée, très aérée et rudimentaire que font bâtir messieurs Pambrun et Lamothe. Cet édifice, plus proche de la grange que du Forum se trouvait, comme son successeur, situé sur la rue Mondor; coin sud-est de la rue Sainte-Marguerite.
Cette fois-ci, le froid aidant, l’ouverture se fait le mercredi 16 janvier 1878. « Cette spacieuse bâtisse avait été décorée pour la circonstance avec goût, élégance et richesse; (...) la glace était assez belle pour permettre aux patineurs de prendre gaiement leurs ébats; la musique fournie par la bande militaire de Saint-Hyacinthe a été fort goûtée, et de fait ne laissait rien à désirer. » À la vérité, les beautés qui s’y trouvaient glissaient au niveau de la patinoire et les musiciens, invités aux mascarades, durent souffler plus d’une fois sur leurs mains gelées entre deux morceaux.
Le 28 février de la même année, sans précisions sur le fait que ces deux compétitions se déroulent à l’intérieur, le journaliste anonyme de L’Union nous apprend qu’il s’y est tenu une course de raquettes et une de patins. La première fut remportée par un monsieur Lamothe et la seconde par M. G. Hamel.
Il faut attendre à l’année suivante pour retrouver des traces de notre deuxième Rond à Patiner « Le 15 courant avait lieu la Mascarade annoncée dans nos colonnes. Un public nombreux se pressait sur les plates-formes disposées à l’intérieur de la bâtisse ». On y remarqua une demoiselle Mailhot figurant une belle Andalouse.
La prochaine mention de cette patinoire couverte se retrouve en juin 1879. Il y eut, à ce moment-là, des marathons de marche. Deux jeunes gens de Saint-Hyacinthe s’y affrontèrent. Monsieur Pagé dut abandonner après quatre heures trente d’endurance. « Vers 11 heures de nombreux sportmen se pressaient dans l’enceinte du rond à patiner ». Une demi-heure plus tard, ils applaudissaient monsieur Aulez qui venait de parcourir 45 milles en 10 heures et de remporter la bourse de 15 piastres. M. Aulez lança un nouveau défi sur 25 milles à l’intérieur à Henry Dewitt de Montréal, l’enjeu, cette fois était de deux cents piastres. M. Aulez fut proclamé vainqueur et reçu, de la part du major Doherty, un magnifique bouquet.
En février 1880 M. Lamothe y organise une vaste mascarade. Hélas aucun journal ne rend compte du succès ou de l’échec de l’entreprise. Nous n’aurons aucune nouvelle du Rond à Patiner qu’avaient fait construire les deux Montréalais. Comme si ce genre d’amusement ne méritait pas quelques lignes.
Il nous faut sauter jusqu’en 1884 pour retrouver un rond à patiner couvert à Saint-Hyacinthe. Ce fut Le Patinoir Lacasse.
Photo:
Une jeune patineuse déguisée pour une mascarade.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH085 Studio B.J. Hébert, photographe.
Cet article est le deuxième d'une série de deux.