Les loisirs organisés 1905-1980 (4)

Par Paul Foisy 
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 6 juin 2007

Les années 1960 et 1970 sont porteuses de nombreux changements dans l’organisation des loisirs. Il faut ajouter à l'idéologie du loisir-œuvre, essentiellement soutenue par le clergé au cours des années 1940 et 1950, la vision du loisir comme composante de la modernisation de la société québécoise, puis comme partie prenante au développement de la culture nationale. Ces nouveaux aspects de l’idéologie du loisir amènent, peu à peu, la décléricalisation et la prise en charge du loisir par l’État. La professionnalisation des intervenants, la création de nouveaux organismes et la pratique de nouvelles activités résultent de ces années d’effervescence.

Les années 1960 et 1970:  une période charnière
À Saint-Hyacinthe, les différentes corporations de loisirs des paroisses demeurent regroupées au sein de l’O.T.J. Centrale. Certains octrois municipaux accordés à cet organisme central, sont redistribués entre les paroisses. Celles-ci bénéficient également du support plus direct de la municipalité qui poursuit l’amélioration des infrastructures par l’exécution de différents travaux. Ces transformations ne sont pas réalisées spontanément, car elles doivent faire l’objet de demandes en règle. Assez souvent, elles prennent la direction des tablettes.

Le manque de fonds stimule également les paroisses à demander des octrois à la ville de Saint-Hyacinthe. En avril 1960, ne recevant qu’une partie du montant dont dispose l’OTJ Centrale, la paroisse Notre-Dame obtient 450 $ supplémentaires provenant de la municipalité. Une brèche est ouverte et les autres paroisses emboîtent le pas. À compter de 1966, la ville de Saint-Hyacinthe verse directement les octrois aux corporations paroissiales. En février 1966, l’OTJ Centrale réclame à la Ville que la taxe annuelle des terrains de jeux soit portée de trois à six dollars. Les sommes d’argent versées augmentent, portant le total des octrois pour l’organisation des loisirs et l’exécution de travaux à plus de 41 000 $. Malgré la hausse des sommes impliquées dans les œuvres de loisirs, d’importants problèmes persistent dans l’organisation et la diffusion des activés.

En mai 1965, l’OTJ Centrale dépose à la ville de Saint-Hyacinthe un mémoire qui fait le point sur la situation et qui relève certaines lacunes : « Beaucoup d’efforts et d’énergies se sont gaspillés dans le domaine des loisirs, parce qu’on n’a pas toujours vu assez clairement la nécessité d’une coordination efficace et que chaque groupe travaillait dans son propre coin sans tenir compte des efforts qui se déployaient à côté d’eux dans le même sens ». L’improvisation généralisée, issue du manque d’autorité de l’organisme central, une situation conflictuelle entre certains comités paroissiaux et l’OTJ Centrale et le peu de budget pour venir en aide à des groupes indépendants œuvrant dans le domaine, amènent les dirigeants à recommander la formation d’une nouvelle corporation municipale. On propose la formation d’un nouvel organisme « Les loisirs de Saint-Hyacinthe inc. » qui aurait pleine autorité et sous laquelle tous les organismes de loisirs maskoutains seraient regroupés. Les diverses recommandations du mémoire ne plaisent pas à tous. Les organismes paroissiaux y voyant une perte de pouvoir, demeurent très réticents à ces nouvelles idées de regroupement et de concertation.

Vers la municipalisation
Il faut souligner qu’à cette époque de nouvelles mentalités émergent. Cette vision du loisir prédominante dans les années d’après-guerre, où il faut occuper les temps libres afin de vaincre l’oisiveté, fait place à une dimension plus créative et personnelle. Le loisir est alors perçu comme source d’épanouissement, de détente, de divertissement et de réalisation de soi.

Un premier pas vers la municipalisation est effectué en 1967. En effet, la construction du Centre culturel et l’accessibilité à de nouvelles activités commandent l’engagement d’un directeur, ce qui est fait en avril 1967. Mais le problème d’organisation reste entier. En décembre 1968, la Chambre de Commerce dépose au conseil municipal un mémoire concernant l’orientation future des loisirs organisés dans la cité de Saint-Hyacinthe. Cet organisme prône la municipalisation et la mise en place de politiques à long terme favorisant la démocratisation des loisirs.

Le regroupement des municipalités vient compliquer le processus et ajoute à la problématique. Après de nombreuses études et rapports, la Ville de Saint-Hyacinthe demande à son « directeur de la récréation » une étude finale et une proposition de structure pouvant répondre aux besoins de la nouvelle municipalité, tout en conservant l’apport bénéfique des bénévoles des corporations paroissiales. Le conseil municipal approuve le rapport en avril 1976. Par la suite, les corporations paroissiales remettent à la ville de Saint-Hyacinthe les différents équipements qui leur pèsent de plus en plus lourd financièrement. Dans cette foulée, des protocoles d’entente sont établis afin de bien définir le rôle inhérent à chacun.

Depuis lors, le Service des Loisirs de la ville de Saint-Hyacinthe constitue le maître d’œuvre dans l’organisation des loisirs.

Photo: 
En 1962, l’équipe de l’O.T.J. Christ-Roi participe à la Ligue Commerciale de balle-molle.
Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, CH380.

Cet article est le dernier d'une série de quatre.

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