Par Raoul Bergeron
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 14 novembre 2001.
La fondation de la première école au village de La Providence remonte à une date assez reculée que n'indiquent pas les archives, non plus qu'elles n'énumèrent les noms des titulaires qui s'y sont succédés jusqu'en 1877, époque à laquelle était confiée aux Sœurs de Saint-Joseph.
Il y aurait lieu toutefois de dire ici que les Sœurs Grises dispensèrent l'enseignement à La Providence de 1859 à 1862. La débâcle d'avril 1862, qui emporte le pont, force les religieuses à traverser de la Saint-Hyacinthe à La Providence en chaloupe « ce qui est dangereux et inconvenant » écrit le chroniqueur. Les religieuses démissionnent.
L'institut des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, fondé par monseigneur Moreau, en est alors à ses débuts. C'est 1877 en effet que les quatre fondatrices sont accueillies à La Providence par les membres de la Commission scolaire.
À l'ouverture, le 17 septembre, quelques 80 élèves viennent s'entasser dans l'unique salle qu'on peut mettre à leur disposition.
En 1885, à cause de certaines difficultés qui surgissent dans le village, les Sœurs se retirent et l'école passe de nouveau sous la direction d'institutrices laïques.
La Chronique de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph du 30 juin 1885 fait état de la situation suivante: « Les citoyens de La Providence osant prétexter que les religieuses n'avaient pas l'instruction nécessaire pour répondre aux besoins de leurs enfants, firent une requête entre eux pour les congédier. Nos Vénérées Mères renseignées sur cet état de choses firent tant et tant que leurs prières et leurs sacrifices que le ciel changea subitement tous ces sentiments injustes et avant la fin de l'année, une deuxième requête était présentée aux autorités civiles et religieuses dans le but de conserver à leur service les religieuses qu'ils avaient voulu chasser quelques mois auparavant. Tous ces propos désagréables étaient connus de notre bon Père Fondateur, qui en était profondément affligé. Conséquemment, lorsqu'au mois de juin il vit à ses pieds les représentants de l'autorité scolaire du village de La Providence le supplier d'oublier leurs torts et de leur donner encore de ses Filles, Sa Grandeur s'y opposa sans ménagement et ils durent se retirer avec la certitude que longtemps ils seraient privés de religieuses. »
La même chronique pour 1904 fait mention de ce qui suit: « Le 25 septembre 1903, la Commission Scolaire de ce village avait adressé à nos Supérieures une requête dans laquelle on demandait retour des Sœurs de Saint-Joseph à l'école de La Providence pour donner l'enseignement. D'après le conseil de Monseigneur Decelles la requête fut refusée. Nullement découragés, deux commissaires se présentent de nouveau au parloir le 4 octobre de la même née et insistaient pour avoir au moins deux religieuses. L'heure est pas encore venue d'acquiescer à leur demande. Ce n'est que 22 mars 1904 qu'ils obtiennent une réponse favorable. Le châtiment de 1885 n'avait-il pas assez durée ?... »
En 1904, ce n'est plus la modeste école de 1877 mais une maison assez spacieuse et assez confortable érigée grâce à la générosité des paroissiens et dans laquelle venaient s'abriter 160 élèves partagés en 4 classes. En 1908 on construit une annexe pour deux nouvelles classes et en 1934 sept religieuses donnent l'enseignement aux 203 élèves, garçons et filles. Les garçons peuvent suivre un cours préparatoire aux études classiques du Séminaire. Les filles qui le désirent sont préparées à subir l'examen du Bureau Central pour l'obtention d'un brevet pédagogique.
L'école de la rue Saint-Michel subsiste jusqu'en 1935 alors que les élèves intègrent les locaux de la nouvelle école Jacques-Cartier sur la rue Crevier. Désaffectée, puis vendue à la compagnie Orgues 0. Jacques, la vieille bâtisse de 1904 est la proie des flammes et complètement rasée le 21 juin 1944.
La forte poussée démographique qui suit la fin de la guerre en 1945 amène la Commission scolaire à construire l'école Saint-Charles-Garnier en 1951 et l'on veut confier l'administration de cette école à la communauté des Maristes.
Ces religieux dispensent à Saint-Charles-Garnier l'enseignement des niveaux primaire et secondaire de même que le cours classique. En 1960 on y donne les quatre premières années de ce cours. Il est cependant impossible de continuer bien longtemps dans cette voie car, dans le secteur public, la concurrence faite par le Séminaire et l'externat classique de Granby afin d'attirer les inscriptions des garçons draine la clientèle et les Maristes qui dirigent déjà l'institution de Granby à ce niveau doivent abandonner l'école Saint-Charles-Garnier en 1965.
Avec l'avènement de la Commission scolaire régionale de l'Yamaska qui absorbe la clientèle du niveau secondaire dans cette région, l'école Saint-Charles-Garnier devient pour un temps une école pilote en vue de préparer à la polyvalence des futures écoles.
En 1972 la création de la nouvelle Commission scolaire Val-Monts fait en sorte qu'une partie de l'espace de Saint-Charles-Garnier sert à l'enseignement de niveau primaire et l'autre comme siège social de la nouvelle commission.
Depuis la fusion des Commissions scolaires Val-Monts et Saint-Hyacinthe l'école Saint-Charles-Garnier est revenue à sa mission première soit l'enseignement de niveau primaire pour la clientèle de La Providence. Quant à l'école Jacques-Cartier elle sert aujourd'hui à l'éducation des adultes.
Photo: École Jacques-Cartier, en 1951.
CH116 Studio Lumière, Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.