Par Grégoire Girard
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 30 avril 2008.
Un mur de protection vs un canal de dérivation
La lettre de l’ingénieur Tremblay adressée à monsieur Cusson avançait deux solutions au problème des inondations : un mur de protection ou une canalisation.
Une première solution, le mur de protection, consistait à «entourer la zone d’inondation d’un mur de protection construit sur la rive et d’une hauteur déterminée par la cote de débordement. Le mur présente, en plus de sa fonction de protection, l’avantage d’améliorer grandement l’esthétique des abords immédiats de la rivière (à l’exemple de Saint-Georges de Beauce) et pourrait, de ce fait, être inclus dans un vaste programme de rénovation.
Le mur est calculé pour protéger contre les différentes crues extrêmes et ses caractéristiques sont standardisées :
• le mur est en béton armé,
• il n’est construit que là où il y a débordement,
• ses fondations s’enfoncent de 2 pieds dans le sol,
• le mur dépasse le niveau de l’eau de 2 pieds.
D’autre part, il faut prévoir l’installation d’un égout collecteur, le long du mur, qui déboucherait en rivière au-delà de la zone d’inondation de manière à éliminer le refoulement lors des crues. Il est utile également de compter un remplissage du terre-plein récupéré».
La deuxième solution, selon la lettre de monsieur Tremblay, la canalisation, «peut se faire de deux façons, soit par le creusage du lit de la rivière même (il s’agit d’abaisser le profil de l’eau), soit par une dérivation qui contourne l’agglomération. Seule la dérivation a été étudiée en détail et cela pour deux raisons :
• le creusage en rivière est le plus difficile et plus long en raison de son lit rocheux, donc plus coûteux. (L’auteur de la lettre explique qu’il en coûterait plus de 450 000 $ pour abaisser la ligne d’eau de 0.12 pied)
• la dérivation est dimensionnée pour ne prendre que le débit qui excède la capacité de la rivière. On estime que la rivière ne déborde pas pour des débits inférieurs à 30 000 pieds cubes par seconde. C’est donc l’excédent de ce 30 000 p.c.s. qui doit passer par la dérivation dimensionnée à cet effet
La dérivation étudiée a les caractéristiques suivantes :
• longueur : 17 900 pieds
• dénivellement du fond : 4.3 pieds
• profondeur : 20 pieds
Les coûts envisagés pour la construction d’un mur de protection (chiffres de 1969) étaient de 410 000 $ pour faire face à une crue de récurrence de 100 ans. Pour ce qui a trait au coût d’un canal de dérivation, y compris les expropriations au taux de 1000 $ l’âcre, il aurait été de 2 450 000 $. Le rapport était donc de 6 à 1 en faveur du mur de protection.
Inondation de 1974 et progrès vers la réalisation d’un mur de protection
L’inondation de mars 1974, même si elle n’avait pas été des plus sévères, avait quand même remis à l’ordre du jour le projet de construction d’un mur de protection contre les inondations. D’abord, le 10 juin 1974, le Secrétariat général du Conseil exécutif du gouvernement adressait une lettre au maire de la Cité de Saint-Hyacinthe pour l’informer que «le Conseil des ministres du Gouvernement du Québec a décidé d’octroyer une aide financière aux victimes des inondations qui sont survenues au Québec depuis le début de l’année. Cette aide couvrira les pertes encourues à la résidence principale des particuliers et à leurs biens meubles de nature essentielle. Elle sera aussi applicable à la petite entreprise et aux fermes». Une dizaine de réclamations seulement ont été inscrites chez le greffier de la municipalité suite à cette offre.
Le 10 juillet 1974, une réunion était tenue à l’Hôtel de ville de Saint-Hyacinthe en vue de discuter du projet de protection contre les crues à Saint-Hyacinthe. Étaient présents pour représenter la Cité : messieurs Grégoire Girard, maire, Georges Darveau, gérant, André Comeau, greffier, Gabriel Dion, conseiller, Denis Archambault, conseiller, Léo Bibeau, conseiller, Marc Gladu, conseiller, Antonio Rondeau, conseiller, André Boucher, division du génie, Jean-René Cusson, division de l’urbanisme. Pour le Ministère des Richesses naturelles : Maurice Masse, ing., dir. génie hydraulique, Bernard Harvey, ing. dir. aménagement, Louis Bouchard, ing., aménagement. Pour l’Office de Planification et de Développement du Québec (O.P.D.Q.), M. Gariépy.
Le compte-rendu de la réunion rapporte qu’au cours de cette rencontre tenue à l’Hôtel de Ville de Saint-Hyacinthe, les décisions suivantes ont été entérinées par les deux parties en présence :
• «Toutes les expropriations nécessaires à la réalisation du mur de protection contre les crues seront entièrement à la charge de la municipalité de Saint-Hyacinthe qui devra les mettre à la disposition du ministère au plus tard l’été prochain.
• «Après la réalisation du mur, la propriété de celui-ci sera transmise à la Ville de Saint-Hyacinthe qui devra en faire l’entretien ordinaire. […]
• «Le ministère des Richesses naturelles s’engage à réaliser en entier le mur de protection à même les fonds rendus disponibles par l’O.P.D.Q. Les travaux seront commencés cette année sur les terrains déjà propriété de la municipalité (terrains de jeux et stationnements).
Illustration:
Graphique du Canal de déviation versus le mur de protection. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe.
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