Par
Léo Sansoucy
Publié dans le
Courrier de Saint-Hyacinthe le 27 juin 1979
Les 23 et 24 juin 1979, l’Association des astronomes amateurs du Québec tenait son congrès annuel à Saint-Hyacinthe. Cette fois-ci, les membres ont voulu évoquer la petite histoire et honorer en Mgr Charles-Philippe Choquette, ancien professeur de sciences au Séminaire, l’un des pionniers de cette science au Canada. Ils ont donc demandé de tenir leur congrès au Séminaire et fait, dans leur exposition commémorative, une place d’honneur aux souvenirs que conserve de lui le Séminaire.
À cette occasion, il a paru opportun de recueillir les notes suivantes, même si elles résument trop brièvement une carrière scientifique assez exceptionnelle, si l’on songe qu’elle débuta il y a exactement un siècle.
Monseigneur Charles-Philippe Choquette, P. d’H., naquit à Beloeil le 9 décembre 1856, de Joseph Choquette, cultivateur, et de Thaïs Audet. Il fit ses études classiques et théologiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe et y fut ordonné prêtre par Mgr Moreau, le 19 septembre 1880. Il est immédiatement nommé professeur de sciences. En 1885, il part pour un stage d’étude de la physique à Paris, à la Sorbonne et à l’Institut catholique. De retour à Saint-Hyacinthe, il reprend son enseignement jusqu’en 1904, alors qu’il est élu Supérieur du Séminaire. Il le demeurera jusqu’en 1913 et présidera en 1911 les fêtes du Centenaire de fondation de cette institution.
Dès 1889, le Gouvernement provincial le charge d’organiser et de diriger au Séminaire un laboratoire officiel d’analyse chimique. Pendant plusieurs années, à compter de 1897, il est en même temps professeur de physique à la succursale universitaire de Laval à Montréal.
Il est «visiteur» du collège militaire de Kingston de 1906 à 1912. Il avait inauguré au Canada, à l’usine de Saint-Hyacinthe, en 1893, le système électrique triphasé. En 1907, il prononça à Montréal des conférences, se faisant le promoteur du développement hydro-électrique du fleuve Saint-Laurent en amont de Montréal, «le fleuve y descendant de 180 pieds sur un parcours de 60 milles et pouvant fournir à la métropole quatre fois la puissance utilisable des chutes Niagara».

Docteur ès-sciences de l’Université de Montréal, avantageusement apprécié dans le monde des spécialistes, il a été délégué du Gouvernement canadien au congrès scientifique international de Paris en 1900, de l’Université Laval à Montréal au congrès des universités de l’Empire britannique à Londres en 1913 et au congrès géologique international de Toronto en 1914. Il fut membre de la Commission de conservation du Canada, du Bureau des examinateurs des chimistes officiels et l’un des membres-fondateurs de la Société internationale des électriciens de Paris.
Son travail en physique déboucha tout naturellement sur l’astronomie.
Il dota les laboratoires du Séminaire d’appareils d’observation, entre autres d’un télescope réfracteur et équatorial de quatre pouces d’ouverture. Ici encore, son activité scientifique déborde largement son institution d’enseignement. À diverses reprises, il est invité à faire partie d’expéditions scientifiques pour études d’éclipses, au Labrador en 1905, et en Norvège en 1927.
Dès 1919, la Société astronomique de France lui décernait son diplôme.
À ces qualités d’homme de science s’ajoutaient fort utilement des dons réels d’écrivain. Il débuta dès 1885, dans les journaux, par ses «Lettres parisiennes». Il publia divers rapports de congrès scientifiques, des causeries astronomiques parues mensuellement dans un journal de Montréal. Ses principaux ouvrages restent cependant son
Histoire du Séminaire de Saint-Hyacinthe, deux volumes, publiés en 1911 et 1912, puis sa précieuse
Histoire de la Ville de Saint-Hyacinthe, éditée en 1930. L’auteur avait alors 74 ans. Mgr Charles-Philippe Choquette mourut le 15 février 1947, à l’âge de 91 ans et 2 mois. Il fut inhumé dans la crypte du Séminaire.
Photo:
Mgr Choquette lors de son voyage au Labrador en 1905.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.