Par Luc Cordeau
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 6 mai 2010.
La ferme (suite)
La ferme de la Métairie a participé à quelques reprises au concours du Mérite Agricole, du Ministère de l’agriculture de la province de Québec, où elle a remporté des prix, en 1931, 1936 et 1951. Dans le rapport du Mérite agricole de l’année 1936, nous y apprenons les informations suivantes : « La Métairie St-Joseph, ferme de 600 arpents, obtint la médaille d’argent en 1931. Le système d’exploitation y est très diversifié. On produit du lait, des viandes, des pommes de terre, des légumes divers, du miel, des petits fruits, des œufs, pour fournir aux besoins alimentaires de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, maison qui abrite plus de 1 000 personnes des deux sexes. Dans les champs, sur les conseils de l’agronome, on a divisé la ferme pour une rotation de 4 ans et on a établi un pâturage fertilisé de 110 arpents, partagé en deux champs, l’un pour le pâturage de jour, l’autre de nuit. On a abattu 168 arpents de levées de fossés, redressé quelques arpents de cours d’eau, approfondi quelques rigoles. C’est l’une des plus vastes exploitations agricoles de notre province ». En 1940, La Métairie possédait 573 arpents de terre cultivable et 15 arpents de bois.
Le rapport de 1951, du Mérite agricole, nous donne lui aussi des détails : « On s’attend de récolter plus de quinze tonnes à l’arpent de betteraves à sucre, assez de maïs pour remplir trois silos, assez de produits maraîchers pour embarrasser passablement une immense cave à légumes. Le troupeau laitier de race pure Holstein compte 2 taureaux, 46 vaches laitières, 39 taures et génisses. La vacherie répond à toutes les exigences des lois de l’hygiène. Une grande bouilloire à vapeur sert à la cuisson des aliments aux besoins de l’abattoir et à la stérilisation de l’outillage, des chaudières et des bidons. Dans la grande porcherie moderne et les parcs adjacents, il y a 2 verrats Yorkshire, 48 truies d’élevage et 180 porcelets de tous âges. Le poulailler à trois étages loge une population de 1100 pondeuses et de 3000 poulettes. Bureau, compartiment pour l’abattage et le « déplumage », système de chauffage par radiateur à eau chaude, équipement pour abreuver et alimenter les volailles, tout est du dernier cri. Un laboratoire pourvu d’un « extradeur » avec pompe à miel, mû par l’électricité, s’élève tout à côté d’un rucher d’une centaine de colonies. C’est monsieur Lambert Jodoin qui est régisseur de la ferme depuis cinq ans [ce dernier a pris sa retraite en 1973] ».
La ferme de la Métairie était une véritable entreprise agricole dirigée par des personnes compétentes, travaillantes et dévouées à la cause. En 1951, elle compte vingt-quatre employés à l’année [environ cinquante en 1931] dont dix hommes d’expériences en plus d’une dizaine de religieuses. Cette grande réussite, en plus de son personnel, est en bonne partie dû au désir constant de toujours vouloir en connaître davantage afin de faire mieux. La maison de la Métairie comptait d’ailleurs une bibliothèque agricole où étaient notamment rassemblé tous les divers imprimés publiés par les gouvernements du Canada et du Québec que les religieuses et les employés se devaient de lire. Lectures, cours spécialisés, visites de fermes modèles, services d’agronomes, voilà autant d’activités qui ont permis à cette ferme de toujours chercher à s’améliorer afin bien remplir sa mission.
La Métairie comptait parmi ses bâtiments une maison qui servait de résidence au gérant de la ferme. L’actuelle maison blanche située au 1775, rue Martel en aurait été une pendant de nombreuses années. En effet, selon les informations disponibles, cette résidence qui aurait été construite au XIXe siècle, et qui a connu d’importantes modifications en 1913, notamment au niveau des fondations et par l’ajout d’un deuxième étage, a servi au gérant jusqu’en 1952. De cette année là jusqu’en 1973, Lambert Jodoin, dernier gérant, a habité une nouvelle maison appartenant aux Sœurs, construite en [1952], au bord de la rivière, soit le 1750, rue Saint-Pierre Ouest, actuellement propriété d’un denturologiste depuis 1989.
Développement immobilier
L’exploitation de la ferme ayant pris fin en bonne partie à l’automne 1961, il était maintenant devenu incontournable que des développeurs immobiliers seraient un jour intéressés d’acquérir des terrains. En 1972, les Sœurs de la Charité ont commencé à vendre des parties de leurs terres à la compagnie Métairie de La Providence Inc, constituée le 7 janvier de la même année, présidée par Jean-Marie Lorange. C’est par cette compagnie de promoteurs que se sont développés au cours des ans, notamment le prolongement des rues Bourdages-sud, Sainte-Madeleine et Bienvenue, et la construction des rues de la Métairie, des Bazars, Couvent-de-Laurette, Frère-André, Marguerite-d’Youville, Thuot, etc.
Photo:
Potager, poulailler et rucher de La Métairie. Le Mérite agricole, 1951. Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.
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