Par Albert Rémillard
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe
La situation européenne
Avant 1914, de plus en plus d’Européens vivent de mieux en mieux, car les conditions sociales s’améliorent et des inventions viennent faciliter le travail et les déplacements. Le rythme de vie est à la fête dans les strates aisées de la société. Les cafés, les spectacles, les bals et les loisirs caractérisent cette époque insouciante que l’on a appelé la Belle Époque.
Les pays d’Europe s’envient, car les grandes puissances se partagent le monde tels les empires coloniaux anglais et français. Les puissances jouent à celui qui sera le plus fort. De nombreux pays sont encore des royautés et les rois aussi se jalousent entre eux.
La France, elle, veut se venger de l’Allemagne et récupérer l’Alsace et la Lorraine, car l’Allemagne lui avait pris ces territoires en 1870 par la guerre franco-prussienne.
L’Europe est une poudrière, il ne manque qu’une étincelle pour que la guerre éclate. Cette étincelle est produite par l’assassinat, à Sarajevo, de l’archiduc François-Ferdinand de Hasbourg, neveu de l’empereur d’Autriche, par un étudiant serbe Gavrilio Princip. Pour enquêter sur cet attentat, l’Autriche-Hongrie veut envoyer des policiers en Serbie. La Serbie refuse. L’Autriche-Hongrie menace de déclencher une guerre et elle lui envoie un ultimatum. Malgré les tentatives de médiation française et britannique écartées par l’Autriche et l’Allemagne, cela va déclencher, sans vraiment le vouloir, une guerre mondiale par le jeu des alliances. En effet, la Russie est l’alliée des Serbes et menace à son tour les Autrichiens. Mais les Allemands veulent défendre les Autrichiens. La France alliée des Russes va s’opposer à l’Allemagne. En moins d’un mois, la machine de guerre est lancée en Europe.
Malgré la soumission de la Serbie, l’Autriche lui déclare la guerre le 28 juillet 1914. Dès le 1er août suivant, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. S’en suit alors une escalade de violence qui se traduit par les faits suivants : le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France, le 6 août, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie, imitée, le même jour, par la Serbie qui déclare la guerre à l’Allemagne. Le 6 août, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie aux côtés de l’Allemagne. Le 11 août, la France et le 13 août la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie. Pour en arriver au 23 août alors que le Japon entre en guerre contre l’Allemagne.
Le Canada en guerre
Quand, le 4 août, le gouvernement de Londres déclare la guerre à l’Allemagne, le Canada, l’Australie, l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud entrent automatiquement en guerre contre l’Allemagne.
Au début de la guerre, les autorités canadiennes lèvent des troupes pour servir la cause de la Grande-Bretagne. D’août 1914 à janvier 1917, cinq divisions sont constituées, l’une est affectée à la défense du pays. Pendant l’année 1916, le nombre des soldats canadiens stagne autour de 300 000 et l’Armée peine à maintenir ses effectifs. Aussi la conscription est-elle décrétée le 13 octobre 1917, mais les résultats de cette politique sont mitigés. Des émeutes éclatent au Québec en 1917, à la suite de l’arrestation d’un Canadien français qui a refusé de rejoindre son corps. Au total, 628 000 Canadiens s’engagent, la plupart volontairement, et 365 000, dont 46 000 conscrits, servent outre-mer. Les pertes avoisinent les 210 000 hommes.
La principale contribution canadienne à la guerre sur le front occidental où la 1e division est engagée en février 1915, est l’offensive de la Crète de Vimy en avril 1917, ainsi que la troisième bataille d’Ypres. À Vimy, dont le nom demeure dans la mémoire collective du pays, les quatre divisions du corps canadien, engagées pour la première fois ensemble au combat, emportent, en une matinée, une position réputée imprenable. Les troupes canadiennes combattent à Ypres en avril 1915 et à Amiens en août 1918, mais leur plus grand succès réside dans l’assaut donné sur la ligne Hindenburg, d’août à octobre de la même année. C’est au cours de la Première Guerre mondiale que les Canadiens acquièrent cette réputation de professionnalisme et d’efficacité.
Fin de la guerre
Cette guerre effroyable s’est terminée le 11 novembre 1918, à Rethondes, à 5 heures du matin, par la signature d’un armistice après cinquante et un mois de guerre. Les hostilités sont suspendues à 11 heures.
L’armistice est renouvelé, puis reconduit jusqu’à la conclusion de la paix le 16 février 1919. Un nouvel ordre international naît de la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919, et des traités de Saint-Germain-en-Laye, 10 septembre 1919, de Neuilly, 27 novembre 1919, de Trianon, 4 juin 1920 et de Sèvres, 10 août 1920.
La guerre a ravagé les vainqueurs comme les vaincus. En Europe, le conflit a fait plus de 8 millions de morts : 1 900 000 en Allemagne, 1 700 000 en Russie, 1 400 000 en France, 1 000 000 en Autriche-Hongrie, 760 000 en Grande-Bretagne. Il y eut 20 millions de blessés. Les pertes économiques furent considérables.
Photo:
Mitrailleurs canadiens se retranchant dans des trous d’obus lors de la bataille de Vimy le 9 avril 1917. (APC 0-114-B)