Par Gilles Brien
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 24 septembre 1975
En nos temps de vie intense, et de course au progrès, les institutions ne tardent pas vieillir aux yeux des contemporains. Sagesse, expérience, position acquise, semblent moins compter que l’accueil aux idées récentes et la faculté d’adaptation.
Tourné vers l’avenir, le monde cherche une nouvelle formule de vie et cette attitude se discerne dans tous les domaines. Ce courant envahissant devait monter à l’assaut de l’Hôpital Saint-Charles de Saint-Hyacinthe, lequel, après douze années d’existence, accusait des signes de vieillissement. Il menaçait de n’être plus à la page, et pour lui assurer tout le rayonnement souhaitable, il fallut élargir ses cadres et le garantir de la routine envahissante. Jusqu’en 1942, l’institution avait été un hôpital fermé avec toutes les conséquences que le terme implique. Même si les médecins des paroisses environnantes considéraient l’Hôpital comme une aide précieuse pour le diagnostic et la thérapeutique, ils n’en demeuraient pas moins réticents à l’égard de l’institution à cause de cette caractéristique d’Hôpital fermé.
En effet, laisser des patients à la porte d’un institut sans pouvoir suivre l’évolution de leur maladie, risquer même de perdre, pour l’avenir, leur confiance et leur clientèle apparaît un sacrifice trop longtemps consenti et plus d’un praticien réclama des coudées franches.
L’Hôpital allait modifier sa constitution et tout en gardant un certain droit de contrôle et d’examen, il se fit plus ouvert au grand contentement des patients et de leurs médecins.
Le premier service à être rajeuni fut celui des diètes. On s’appliqua à préparer une alimentation rationnelle et bien balancée, suivant un barème de régimes adaptés aux diverses catégories de patients. Ce service se compléta, plus tard, d’un service central de plateaux, lequel tout en libérant hospitalières et infirmières d’un travail supplémentaire à leurs fonctions, le réservait à des spécialistes en mesure de le remplir mieux et plus rapidement.
Le deuxième service à recevoir une attention particulière fut celui du magasin. La centralisation des achats et des marchandises fut établie au profit de l’ordre et de l’économie d’utilisation.
En 1943, on se servit du sous-sol, des galeries et des solariums pour inaugurer une salle d’urgence, un dispensaire antivénérien, une nouvelle salle d’obstétrique et une nouvelle pouponnière, portant le nombre des bassinettes à 25; quatre incubateurs, un ressuscitateur et un pasteurisateur furent mis en usage pour les soins des nouveau-nés. La pharmacie et la salle de couture centrale furent installées dans de nouveaux locaux. Une cafétéria, avec lavage de vaisselle central, fut une autre amélioration très appréciée du personnel et des visiteurs.
Des acquisitions proprement scientifiques s’imposèrent et l’Hôpital dut songer à posséder sa banque de sang, son laboratoire de biochimie et d’électrocardiogramme.
Le département de pédiatrie fut réorganisé pour permettre de soigner 50 petits malades, à la fois.
La tenue des archives médicales selon une méthode moderne fut entreprise. Une bibliothèque médicale précieusement garnie fut mise à la disposition des médecins en 1946.
Durant cette même année, l’École des infirmières s’affiliait à l’Hôpital Pasteur pour assurer à ses étudiantes un stage en maladies contagieuses.
En 1948, l’Hôpital Saint-Charles retenait les services d’un radiologiste reconnu : le docteur H. Lacharité.
En 1949, un cardiologue fut engagé : le docteur L. L. Lebel.
En 1952, un pathologiste : le docteur Roméo Germain.
En 1950, l’Hôpital s’adjoint les services d’un Directeur médical, agent de liaison entre l’institution et le corps médical. Le premier titulaire de ce poste fut le docteur Marc Bergeron. En 1950, également, la clinique des tumeurs mettait à la disposition des patients atteints du cancer, des appareils de thérapeutique profonde, superficielle ou au Radium. En cette même année, la ville de Saint-Hyacinthe faisait don à l’Hôpital d’un poumon d’acier.
En 1952, grâce à l’utilisation d’une dernière galerie sur la façade, on trouva les locaux nécessaires à la rénovation du bloc opératoire et des laboratoires d’anatomie pathologique, de bactériologie et de biochimie.
L’Hôpital Saint-Charles célébra ses cinquante années d’existence en septembre 1952. Outre les médecins déjà nommés au cours de cet aperçu historique, il importe de signaler, comme médecins réguliers de l’Hôpital Saint-Charles, les docteurs Léo Benoit, Georges Hévey, Yves Pothier, Jean Lafond, Marcel Chartier, etc. De plus une trentaine de médecins des environs de Saint-Hyacinthe étaient visiteurs.
Lors du jubilé d’Or, en 1952, l’institution comptait 58 médecins, 34 religieuses, 79 infirmières, 12 aides-maternelles, 7 infirmiers, 97 employés et une moyenne de 162 malades pour une capacité de 212 lits.
L’Hôpital Saint-Charles continuait son œuvre à travers les années et en décembre 1964, il prit le nom d’Hôpital Général de Saint-Hyacinthe.
Ce nouveau nom lui demeura environ quatre années et la Corporation de l’Hôpital Honoré-Mercier, fondée en vue de la construction d’un nouvel hôpital, prenait possession de l’Hôpital Général, de Saint-Hyacinthe lors de l’acte de vente du 18 décembre 1968.
Ainsi, l’Hôpital Saint-Charles changeait de nom pour la troisième fois et après l’érection du nouvel immeuble, il devenait le pavillon sud du complexe hospitalier Honoré-Mercier.
En octobre 1971, le nouvel hôpital, ou pavillon nord, était complété et on précéda au déménagement des patients qui étaient alités dans l’ancien hôpital.
Depuis ce temps, l’ancien Hôpital Saint-Charles, devenu le pavillon sud, renferme les locaux de la clinique de technique dentaire, les bureaux du chef de département de santé communautaire et des départements pour malades chroniques en psychiatrie.
Telle fut l’histoire de notre hôpital, de sa fondation à nos jours (1975).
Photo:
Salle d'opération majeure de l'Hôpital Saint-Charles. Non-datée.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.
Cet article est le dernier d'une série de quatre.
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