L’École de laiterie (1)

Une « industrie » pour les Maskoutains âgés
Par Georges Bélanger
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 30 avril 1975

Nous avons revu les diverses tentatives de la Société d’Industrie laitière pour établir une véritable école de laiterie. Saint-Denis de Kamouraska, Sainte-Marie de Beauce, Louiseville, Notre-Dame de la Terrière (Chicoutimi), Notre-Dame de Saint-Hyacinthe et enfin Saint-Hugues de Bagot pour passer à l’école volante conduite par Saül Côté; on avait manqué entre-temps L’Assomption, Rougemont et même Varennes, mais pour ces dernières localités ce ne furent que des pourparlers ou des projets qui approchèrent plus ou moins de la réalisation, mais qui furent abandonnés à la dernière minute. Avec Edouard-André Barnard, quand on a une idée en tête, on la réalise. Si on manque la cible une première fois, on se reprend, tout finit par se réaliser et tout le monde en est heureux. Que n’avons-nous plus de Barnard au Québec! Vous remarquez qu’Edward-Andrew est devenu Edward-André, c’est simplement pour faire plaisir à son épouse Amélie Chapais.

Après bien des tractations de toutes sortes, enfin, un projet plus sérieux devait prendre forme et même réussir à réveiller les politiciens. Voici ce qu’on lit au livre des minutes de la Société d’Industrie laitière à la date du 26 août 1892.

« Le Bureau de Direction de la Société d’Industrie laitière, connaissance prise de la correspondance échangée entre son comité exécutif d’une part et la Corporation du Collège de Saint-Hyacinthe, l’Honorable Commissaire de l’Agriculture de Québec et le professeur James-W. Robertson d’Ottawa, d’autre part.

« Approuve et ratifie les arrangements pris par son comité exécutif avec le Collège de Saint-Hyacinthe et M. le professeur Robertson pour la construction, l’aménagement et le fonctionnement de l’École de Laiterie de la Société d’Industrie Laitière;

« Nomme, MM. S.A. Fisher, vice-président, L.-E. Brodeur, I.J.A. Marsan, A. Chicoine et J. de L. Taché, membres du Comité exécutif de l’École de la Société d’Industrie laitière et leur donne jusqu’à la prochaine assemblée générale de la Société les pouvoirs les plus étendus pour assurer la construction et le fonctionnement rapide de ladite école et spécialement les pouvoirs suivants:

1- Accepter de la Corporation « Le Séminaire de Saint-Hyacinthe d’Yamaska » le don gratuit du terrain ci-après décrit, (...) laquelle donation est faite par le Séminaire de Saint-Hyacinthe à la Société d’Industrie laitière de la province de Québec pour l’établissement d’une école de laiterie, sous réserve, en faveur de ladite Corporation du retour de la propriété du terrain par elle donné, au cas où ladite école serait fermée pendant plus de deux années consécutives.

2- Obtenir de la Corporation du Séminaire de Saint-Hyacinthe une promesse de vente de ce terrain pour le cas où il y aurait lieu à l’exercice du droit de retour ci-dessus mentionné; 

3- Emprunter de la Corporation du Séminaire de Saint-Hyacinthe la somme de cinq mille piastres, obliger la Société emprunteuse ou service des intérêts à six pour-cent...; conférer aux prêteurs sur le terrain, les constructions et l’outillage de l’école une garantie hypothécaire pour sûreté du prêt en principal et accessoires.

4- Promettre au nom de la Société un transport régulier au profit de la Corporation prêteuse de cinq annuités de remboursement à prendre sur la subvention annuelle du gouvernement provincial; remettre à ladite Corporation quarante billets notariés, chacun au montant de cent dollars, signés de personnes solvables agréées du Séminaire de Saint-Hyacinthe, le tout comme garantie collatérale du dit emprunt.

5- […]

6- Arrêter les plans de l’École de Laiterie de la Société, traiter directement avec tout entrepreneur, donner tout contrat total ou partiel, faire tout achat de matériel, de fournitures et de mobilier, en fixer le mode et les époques de paiement.

7- Signer le projet de l’arrangement avec le professeur James W. Robertson au sujet de l’École de laiterie ». 

Dans sa séance du 26 août 1892, le bureau de la Société d’Industrie laitière avait approuvé les plans dressés par M. J. de L. Taché, son secrétaire-trésorier. Ils comportaient un bâtiment de 40 par 60, comprenant beurrerie dans le sous-sol, fromagerie au premier étage et laboratoire, salles de cours et bureaux au deuxième étage.

Illustration:
L'école de laiterie provinciale.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe

Cet article est le premier d’une série de quatre.

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