Histoires de glace (3)

Par Paul Foisy
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 23 janvier 2008

Lors des semaines précédentes, nous avons vu que les Maskoutains étaient des adeptes du patinage et des mascarades vers la fin du XIXe siècle. Peu à peu, le hockey fait son apparition au début du siècle suivant. 

Mais à cette époque, il n’y a pas de véritables organisations en mesure de structurer les compétitions de hockey à Saint-Hyacinthe. Pendant de nombreuses années, les Maskoutains jouent au hockey selon le système des défis. La recette est assez simple : une équipe est formée et elle lance des défis à d’autres équipes. Le déplacement des équipes et des partisans en train permet d’affronter des clubs extérieurs. La première rencontre de ce type se déroule le 15 février 1905. Lors de cette partie historique, le Club Yamaska remporte la victoire par le compte de 7 à 3 sur le club Hawthorne de Montréal.

Puisqu’il faut lancer et relever des défis, il arrive régulièrement que les équipes adversaires jouent au sein de ligues. Le résultat de ces parties permet alors aux Maskoutains de se comparer et dans certains cas, de se désoler. En effet, à la suite d’un match entre l’équipe Yamaska et le Mikado de Montréal, qui se déroule le 25 février 1912, le journaliste du Clairon observe que l’équipe maskoutaine est si forte qu’elle aurait sa place dans une ligue organisée : « Cette victoire de nos boys est d’autant plus éclatante que nos joueurs n’étaient pas en forme, vu l’impossibilité dans laquelle ils se sont trouvés d’avoir une glace pour pratiquer durant la saison. Elle démontre en plus que nous possédons en notre ville tous les éléments nécessaires pour organiser une équipe qui non seulement nous ferait honneur mais qui figurerait avec avantage dans la ligue intermédiaire de la province. » Il faut dire que le Mikado est un des clubs les plus forts de la ligue de la cité de Montréal et cette victoire de 4 à 0 en surprend plus d’un. Les nombreux spectateurs doivent se contenter de voir un bon spectacle, car sans attache à une ligue, les prestances du club local sont bien éphémères puisqu’elles ne couronnent aucun champion.

Des défis typiquement maskoutains
Couramment, les Maskoutains se lancent des défis entre eux ou contre des équipes de la banlieue. Ainsi, le 21 février 1915, le Cercle Dollard affronte le club La Providence. La partie se déroule sur la patinoire Martinette, de l’autre côté de la rivière. Une grande rivalité existe entre ces deux équipes. Prenant son travail très au sérieux, le journaliste du Clairon affirme qu’« un coup d’œil sur les noms (des joueurs) suffira pour convaincre les plus sceptiques que les deux camps sont composés de joueurs réputés les plus habiles… » Voyez vous-même. Pour le club La Providence : Tit coq; La Fouette; le Nœud; Fat; Old Mutt; Châlu et Chausson. Pour le Cercle Dollard : Tit Père; Jackasse; Brandy; Pas d’Oreilles; Tit Ouille et Michel. On se demande bien à quoi ressemble ce Michel! Malheureusement, l’histoire ne mentionne pas le nom de l’équipe victorieuse.

Le hockey s’organise
Au cours des années 1920, le hockey prend beaucoup d’ampleur dans notre ville. En 1925, l’équipe Saint-Hyacinthe est très active. Elle rencontre des clubs adverses avec régularité. Il faut croire que cette équipe donne un bon spectacle, car le 25 janvier 1925, pas moins de 4000 spectateurs assistent, par un temps très froid, à la rencontre opposant le club local et l’Institut Laroche de Montréal. La partie se déroule à la patinoire Corona, aménagée où l’on retrouve aujourd’hui le parc T.-D. Bouchard au centre-ville. 

Faisant suite aux performances remarquables réalisées en 1925, le Club Saint-Hyacinthe est accepté dans la Ligue des Cantons de l’Est l’année suivante. La formation maskoutaine y dispute six rencontres. Les parties locales se déroulent en plein air à la patinoire Corona. Cependant, les organisateurs éprouvent de la difficulté à boucler leur budget, car il n’y a pas de prix d’entrée. En passant le chapeau, on observe que certains spectateurs « réservent pour le hockey une dévotion effrénée d’une largesse incontrôlable en médailles de toutes sortes. »
Bien que Saint-Hyacinthe joue au sein d’une ligue en 1926, il ne s’agit pas d’une première, puisqu’en 1906, une formation maskoutaine, ayant en son sein Eugène Payan, fait partie de la Bedford District Hockey League. Les équipes provenant de Granby, Farham, Bedford affrontent la formation maskoutaine lors d’une courte saison de quelques semaines en janvier et février.

La pratique du hockey en plein air amène son lot de problèmes. La principale difficulté relève des caprices de dame Nature. L’état de la glace étant directement relié à la température, les Maskoutains réclament bientôt un toit pour le hockey.

Photo:
Un groupe d'étudiants formant la meilleure équipe du Séminaire en 1926.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.

Cet article est le troisième d'une série de quatre.

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