Par Jean-Noël Dion
Publié dans le Courrier de Saint-Hyacinthe le 27 novembre 1991
Parmi les 750 postes de radio recensés au Canada, C.K.S.H. Saint-Hyacinthe sera le seul à être régi en partie par une municipalité. Pour cette raison, il porte l'appellation de poste municipal. Monsieur Phillip Wharton, de Waterford, Ontario, dans une lettre récemment reçue à la Société d'Histoire, rappelle que le poste émettait à ses débuts sur une distance de 312.3 mètres (960Khz) et plus tard sur 1297 mètres (1010Khz). Le pouvoir était de 50 watts.
Deux rapports remis par le comité au conseil de Ville, rendent compte de l'état de la situation. Tout d'abord le rapport de 1927, pour l'année 1926, indique concernant les recettes, que la souscription a permis de recueillir 985,00$, montant auquel il faut ajouter celui de la ville 500,00$, ceux du comité du Pic-Nic du Frère Barthélémy, 23,80$, du comité du Banquet Laframboise, 11,69$, de la Southern Canada Power, 25,00$, de la rafle d'un poste récepteur de radio 224,00$, et d'intérêt sur compte en banque 5,29$ - pour un total de 1 774,78$. Au niveau des dépenses : il est question des marchandises achetées pour construire le poste : lampes, microphone, accumulateurs A et B, du transport, des frais de douane, du "peinturage" du studio, des licences expérimentale (10,00$) et officielle (50,00$), divers, pour un montant de 1 688,11$. Argent en mains 86,67$.
Puis s'ajoutent deux pages de comptes en souffrance parmi lesquels celui de la Canada Power dont les ouvriers posèrent l'antenne, érigèrent des fils du poste au kiosque en plein air près du parc Dessaulles, firent des réparations au poste lui-même. Le manufacturier L.P. Morin fit des ouvrages de bois afin de préparer le studio adéquatement. On fit installer des toiles avec poulies et anneaux, un "tapis en coco", deux poteaux pour supporter l'antenne, et le comité se procura de la fourniture et du matériel de bureau.
Le rapport de 1928 pour 1927, indique des recettes de 1 019,25$, la balance, plus autre souscription de la ville, 870,00$, diverses contributions de la part du Club nautique, du maire T.D. Bouchard, du Pic-Nic. Les dépenses demeurent les comptes en souffrance, la licence, l'achat de lampes et de 12 condensateurs achetés chez Pitts à Boston, l'avance sur le moteur-générateur, acquis de la Cie Electric Specialty, de Stamford, Conn., qui sera livré en 1928 et frais divers pour un total de 1277,19$. Le comité fut obligé d'emprunter à la banque 260,00$ pour ne pas causer de déficit. À la fin de l'année 1927, la balance en mains était de 2,16$.
Le poste municipal irradiait presqu'à tous les dimanches par exemple, on peut lire dans Le Courrier qu'un concert sera diffusé le 23 janvier 1927, de 4:30 à 5:45 h. par la fanfare Philharmonique assisté par monsieur Lemaire St-Germain. Le 30 janvier, il y aura musique de chambre par le groupe A, le 6 février, l'orchestre Philharmonique assisté de la chorale de la cathédrale.
C.K.S.H. Saint-Hyacinthe n'eut pas longue vie. Il devait cesser d'émettre au plus tard à l'automne 1930, alors que monssieur A. David envoie une requête à la ville afin d'enlever les poteaux d'antennes du poste inutilisé, érigés sur ses bâtisses. À l'été 1931, Th. Gauthier achète la balance du matériel du poste, microphone, générateur, etc.
Ce n'est qu'une trentaine d'années plus tard, soit le 1er octobre 1959, qu'une seconde radio verra le jour à Saint-Hyacinthe, C.K.B.S. qui diffusera jusqu'en 1991. Le logo C.K.S.H. est aujourd'hui utilisé pour identifier le poste de télévision, canal 9, de Sherbrooke.
Illustration:
En-tête de lettre du poste C.K.S.H. utilisé le 30 janvier 1926. On y distinque très bien les mentions : de radio municipal et opéré par la Société Philharmonique de Saint-Hyacinthe.
Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe.
Cet article est le deuxième d'une série de deux.
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