À Boston, le 19 avril 1940 (2)

Par Paul Foisy
Publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 26 avril 2000.

Dans l'article précédant, nous avons brièvement survolé les origines du marathon de Boston ainsi que les quatre premières participations de Gérard Côté à cette épreuve. Ici, nous aborderons plus en détail le déroulement de la course et la victoire de notre concitoyen lors de l'épreuve de 1940.

Quelques semaines avant le « Patriot's Day », Côté se rend chez son cousin « Charley » Goulet qui habite Cumberland R.I. Il s'entraîne alors sur une portion de route où il doit franchir huit collines réparties sur plus de six milles.

Le matin de la course, Gérard Côté boit une tasse d'eau chaude au lever. Une heure plus tard, il mange un gros « steak ». Selon ses dires, il ne suit aucune diète spéciale avant une compétition. Puis, il quitte Cumberland pour se diriger vers Boston où il arrive en avant-midi.

La marche est haute pour les coureurs de la 44e présentation du marathon de Boston. L'année précédente, Ellison Myers « Tarzan » Brown, un autochtone Narragansett de Westerly R.I., franchit la distance en un temps record de 2 : 28:51.

Sur la ligne de départ du 44e marathon de Boston, plus de 165 compétiteurs attendent le signal. Avant le début de l'épreuve Gérard Côté songe à ses amis maskoutains qui l'encouragent depuis plusieurs années. Il aimerait bien leur offrir une victoire. Il se dit qu'il doit surveiller Don Heinicke de Baltimore.

Peu après le coup de fusil, donné par Walter Brown, le préposé au départ, Côté s'empare de la tête du peloton. Au premier point intermédiaire à Framingham sud, il enregistre un temps record : il est légèrement plus rapide que Brown en 1939. Il est suivi de Johnny Kelley (élu marathonien du siècle par le magazine Runners World), du Canadien Scotty Rankin, de Leslie Pawson (vainqueur à Boston en 1933, 1938 et 1941) et de Don Heinicke.

À Natick, Heinicke est largué et Côté est rejoint par Pawson, Rankin et Kelley. Un peu plus loin, « Tarzan » Brown surgit soudainement et s'empare de la tête. La course se poursuit et à Auburdale, à plus de 17 milles du départ, Kelley occupe la première position suivi de Rankin, de Brown et de Côté, maintenant quatrième.

Plus loin, Brown est victime de crampes à une jambe et il doit ralentir le rythme. Puis c'est le début des collines et les coureurs sont mis à rude épreuve entre le 18e et le 21e mille.  En troisième position, Côté observe Kelley et Rankin qui bataillent ferme dans les côtes pour la première position. Cependant, les deux compétiteurs s'épuisent... Le Maskoutain passe à l'attaque en se disant que cette course est la sienne : à Coolidge Corner, un peu avant le 24e mille, il occupe la position de tête. Très fort, il termine l'épreuve avec plus d'un demi-mille d'avance sur Johnny Kelley qui franchit la ligne d'arrivée près de quatre minutes plus tard !

Laissons le vainqueur commenter son exploit dans les pages du journal Le Clairon du 26 avril 1940 : « J'ai réalisé l'ambition de ma vie, je suis satisfait pour ma province, pour ma race, pour moi-même et je suis fier d'avoir répété l'exploit d'un autre Canadien français (Édouard Fabre qui gagna le marathon en 1915 ».

En remportant ce 44e marathon de Boston en cette journée de printemps 1940, Gérard Côté trouve enfin la valorisation qui pousse le sportif à se donner à fond et assouvir son désir de vaincre. Enfin sacré champion, parcourant la distance en un temps record, Gérard Côté représente dès lors l'idéal du progrès sportif où l'homme cherche sans cesse à se dépasser. Par ses efforts, il se hisse au plus haut niveau de la pyramide sportive, où il devient le modèle à imiter.

Au fil du temps, les exploits et la carrière de Gérard Côté sont peu à peu tombés dans l'oubli. 

Salut Gérard !

Photo: 
Gérard Côté remporte la victoire du marathon de Boston en avril 1940.
Collection François Côté.

Cet article est le deuxième d'une série de deux.

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