Le Révérend Père Rodrigue

Dans le but de vous faire connaître certaines personnalités maskoutaines qui ont joué un rôle important au cours des années 1960, le Centre d'histoire vous présente cette série d'articles transcrits d'un cahier spécial publié par le journal Le Clairon Saint-Hyacinthe à cette époque.

Quel Maskoutain digne de ce nom ne connaît pas la respectable maison a I’aspect seigneurial située au 750 de la rue Girouard, au fond d'un magnifique parc? Quel jeune garçon ne s'est-il pas demandé un bon matin qui pouvait bien habiter cette demeure ressemblant si étrangement au Château de Moulinsart des aventures de Tintin?

Oui, c'est ça, vous avez mis le doigt en plein dessus…  Il s'agit du Patronage Saint-Vincent-de-Paul, mieux connu sous le nom de Patro. Cependant, il est bon de dire dès le début que le Patronage est plus qu’un simple club récréatif; c'est une œuvre magnifique dont le caractère charitable et la valeur sociale ont profondément marqué l’histoire maskoutaine.

Cette grande maison qui a fait le bonheur de nos jeunes pendant plus de 66 ans, a une âme personnifiée par le dynamique Père Rodrigue, notre « Personnalité de la Semaine ».

Le Père Rodrigue a voulu que nous nous étendions plutôt sur I'oeuvre qu'il dirige avec tant de brio depuis 1956 que sur lui-même.
Le Patronage Saint-Vincent-de-Paul a ouvert ses portes en 1905, dans une maison ayant appartenu à un riche industriel anglophone de la région maskoutaine. Cette maison confiée aux Religieux de Saint-Vincent-de-Paul avait été achetée par l’évêché de Saint-Hyacinthe, par l'entremise d'un citoyen de Saint-Hyacinthe.

Depuis ce temps, le Patro a toujours accueilli les jeunes en ses murs, soit pour les amuser sainement, soit pour les former. Cette institution s’occupe de la jeunesse de deux façons. Premièrement, le Patro fait office de terrain de jeu pour les garçons de la paroisse Cathédrale. En second, il abrite de façon permanente une cinquantaine de jeunes garçons de 11 à 18 ans. Ces garçons y mènent une vie commune dans une atmosphère de cordialité et de franche gaieté tout en fréquentant les institutions de la Cité.

Durant l’été de quatre à cinq cents garçons, âgés de 7 à 22 ans, fréquentent le Patronage où ils peuvent participer à une foule d'activités sportives et sociales dont la plus célèbre est sans contredit la fameuse Clique Maska, un corps de tambours et clairons qui a fait sa marque dans toute la province.

La première question qui viendra à I’esprit des gens pratiques sera sans doute: « Mais, comment diable font-ils pour boucler leur budget? » Mentionnons tout d' abord que les jeunes qui fréquentent le Patronage durant l’été doivent fournir en moyenne une contribution mensuelle de $1.25. Si l’on considère qu'il en coûte environ $63 000 par année à I'institution pour opérer convenablement et que $180 000 restent encore à payer pour l’aile ultra-moderne qui a été construite il y a quelques années, on s’interroge sur la provenance des fonds nécessaires à l’administration.

Pour simplifier, disons que 50 pour cent des $63 000 mentionnés plus haut est obtenu sous forme d’octroi ou de dons de la Fédération des Œuvres. Le reste de la somme, plus une vingtaine de milliers de dollars pour régler une portion du capital et l’intérêt annuel de la dette de $180 000, incombe donc au Père Rodrigue qui s’en tire miraculeusement indemne chaque année, opérant des prodiges de comptabilité tout en remplissant son devoir de prêtre-éducateur.

L’imagination du Père Rodrigue ne connaît, en effet, pas de borne quand il s’agit d’obtenir des fonds pour le financement de l’œuvre du Patro. Bien sûr, il est solidement épaulé par les membres du Club des Francs qui l’assistent dans les diverses campagnes comme veilles plaques, timbres-primes…

Le Père Rodrigue est un homme de Dieu qui danse sur la corde raide de la finance pour servir la très noble cause de la jeunesse! Sourire engageant, cœur d’or, confiance inébranlable en la Providence, en la machine à calculer, voilà notre « Personnalité de la Semaine ». 

Source du l'image et du texte:
Journal Le Clairon Saint-Hyacinthe, 13 avril 1967, p.78.