L'inondation du centre-ville, 1936

effondrement du Pont BarsalouL’inondation survenue durant les journées du jeudi 19 et vendredi 20 mars 1936 n’est pas unique dans l’histoire maskoutaine. Avant la construction d’un mur de protection le long de la rivière dans les années 1970, cette partie du centre-ville de Saint-Hyacinthe était fréquemment inondée. Ce qui impressionne de cette crue printanière, c’est son ampleur et la rapidité avec laquelle elle s’est répandue dans les rues du vieux quartier. En début d’après-midi, la situation indispose déjà la population riveraine. Entre 15h et 18h, le niveau de la rivière augmente de près de deux mètres. À ce moment, environ 250 maisons sont entourées d’eau poussant quelques 200 familles à quitter leur foyer.

La montée des eaux est tellement soudaine que certaines personnes restent coincées dans leur résidence. Le chef de police Adjutor Bourgeois et ses collègues réquisitionnent alors toutes les chaloupes de la ville afin d’effectuer leur sauvetage. Selon le Courrier : « Trois ou quatre familles, dans la région de la rue Saint-Louis [aujourd’hui Bibeau], étaient prisonnières chez elles, les sauveteurs étant incapables de leur venir en aide, à cause de la vitesse du courant et du passage constant des glaces, qui avaient encore deux pieds d’épaisseur ». Sur l’avenue de la Concorde plusieurs magasins sont remplis d’eau jusqu’aux vitrines et : « les marchandises y flottent librement ».

inondation 1936Durant la journée de vendredi, l’eau commence à se retirer tranquillement, laissant dans certaines rues d’énormes morceaux de glace. Des centaines d’ouvriers commencent ainsi le déblaiement des voies publiques afin de rétablir la circulation.  Les citoyens qui ont été chassés de leur demeure retournent chez eux, où ils trouvent leur cave noyée, ainsi que leurs meubles et tapis souillés de boue. Outre les dommages aux immeubles du centre-ville, la terrasse Louis-Côté – face à l’aqueduc – est partiellement détruite et nécessitera une réfection importante.

Un autre élément marquant de cette inondation, c’est les dommages causés au pont Barsalou qui mène à La Providence. D’abord endommagé à sa structure inférieure par le passage des glaces en après-midi, son état se dégrade graduellement et vers 4 heures, le matin du 20 mars, les deux travées du centre plongent dans les eaux de la rivière. Le Clairon rapporte ainsi que : « La structure en fer a coulé au fond de l’eau, non loin de l’emplacement du pont, mais le tablier en madriers de bois a flotté à la dérive et est finalement allé s’échouer près de Yamaska [une municipalité sise plus en aval] ». Les travaux de reconstruction du pont débutent dès le mois de juin et sont achevés le 15 décembre 1936.

Légendes des photographies

1- Le pont Barsalou au moment où ses deux travées centrales sont emportées par la débâcle, CH478.

2- Sauvetage en chaloupe possiblement au coin des rues Saint-Pascal (aujourd’hui Brodeur) et Sainte-Marguerite (aujourd’hui Marguerite-Bourgeoys), CH478.

Auteur: Vincent Bernard, historien-archiviste