C’est en fin d’après-midi, le samedi 2 février, que l'on constate un début d'incendie à l'intérieur des murs du Séminaire. À 20 h, la façade de l'établissement d'enseignement n’est plus qu’un immense brasier.
Cette partie de l’édifice est la dernière restante du Séminaire construit en 1853. Il s’agit de la seconde mouture du collège, qui est préalablement établi sur la rue Girouard, face à l’avenue Saint-Joseph – où se trouve aujourd’hui l’évêché. L’incendie de 1963 emporte donc avec lui un bâtiment qui possède une grande valeur patrimoniale.
Bien que l’origine de l’incendie demeure inconnue, les flammes auraient pris naissance dans les locaux servant à l’édition du journal étudiant Le Collégien. Elles se sont ensuite rapidement propagées dans la partie centrale du Séminaire. À leur arrivée, les pompiers entreprennent le sauvetage, à l’aide d’une échelle aérienne, de sept personnes prises au piège par la fumée. De leur côté, les autorités du Séminaire font le nécessaire pour évacuer sans danger élèves et enseignants qui y vivent durant l’année scolaire – près de 500 individus.
Une certaine accalmie se fait sentir au courant de la soirée, poussant les intervenants de la sécurité incendie à croire qu’ils réussiraient à maîtriser le brasier, mais ce dernier reprend de plus belle. La situation devient vite incontrôlable, incitant les pompiers à concentrer leurs efforts sur la préservation des ailes latérales. Les autorités municipales font appel aux services municipaux des localités environnantes, dont Saint-Joseph, La Providence et Douville. Vers 20 h, l’immeuble n’est plus qu’un immense brasier. Quelques instants plus tard, la coupole s’écroule dans la cour intérieure du Séminaire.
Établi à quelques cent mètres du Séminaire, le facteur d’orgues Casavant et Frères est aussi menacé par l’incendie. Selon un porte-parole de l’entreprise, c’est une épaisse couche de neige sur la toiture de la manufacture qui l’aurait épargné. Le journaliste du Clairon précise que : « Pendant le plus fort de l’incendie, le vent poussait des étincelles sur les bâtiments de la manufacture. La brigade contre les incendies de la compagnie, composée de sept hommes, a été en alerte constamment ». Durant le sinistre spectacle, plusieurs curieux se sont massés près du Séminaire. À un certain moment, près de 3 000 personnes sont présentes, nuisant même au travail des intervenants en causant des embouteillages.
Le personnel du service des incendies doit travailler dans des conditions pénibles pendant plus de 32 heures. Malgré l’ampleur des dégâts, les ailes latérales ont simplement souffert de la fumée et de l’eau. Dès les semaines qui suivent, un comité est mis sur pied afin de lancer une campagne de financement pour la reconstruction de la façade du Séminaire, qui s’amorce dès le 21 mai 1964. Elle est inaugurée le 11 octobre 1965.
Légendes des photographies
1- Coupole du Séminaire en feu, un peu avant de s’écrouler dans la cour intérieure, CH001.
2- Des pompiers à l’œuvre en train de s’assurer que le feu ne reprenne pas dans les ruines fumantes, CH001.
3- Une foule de curieux venue observer les ruines de la vieille façade du Séminaire, CH548.
Auteur: Vincent Bernard, historien-archiviste