Qu’est-il advenu d’important dans notre ville pendant le séjour de Paul F. Payan à la mairie de Saint-Hyacinthe? Voici quelques éléments historiques.
Paul F. Payan est le onzième maire de Saint-Hyacinthe.
Pour en apprendre davantage sur le personnage, nous vous suggérons ce texte :
Paul Frédéric Payan 1910 - 1914
10 janvier 1910 Élection du maire Payan
Opposé à Samuel Casavant à la mairie, Paul F. Payan remporte l’élection du 10 janvier 1910. (1)
Consultez le texte de Luc Cordeau sur l’élection municipale du 10 janvier 1910.
24 juin 1910 La municipalisation de l’électricité
Nous savons que Télesphore-Damien Bouchard est devenu le premier président d’Hydro-Québec en 1944 suite au long combat qu’il livre contre les trusts d’électricité. Alors qu’il occupe le poste de greffier de la Ville de Saint-Hyacinthe, en 1910, la municipalité adopte le Règlement No. 132 pour améliorer le service des eaux et construire un système municipal d’éclairage public. Ce faisant, la Ville accepte la proposition de la Colonial Engineering Co. Limited reçue le 21 mars 1910 : « [C]ette compagnie s’est engagée pour la somme de trente-sept mille dollars (37,000) à construire un système et fournir un système d’engin à gaz, de dynamos, de moteurs et de pompes turbines ». La Colonial Engineering a également proposé « de fournir, construire et ériger une ligne électrique de première classe, avec lampes arcs Magnatite et lampes incandescentes à filament métallique et tous les accessoires à la dite ligne pour la somme de seize mille cent dollars ». (2) Ainsi, pendant quelques années au cours de la décennie 1910-1920, Saint-Hyacinthe produira de l’électricité.
Consultez le texte d’Hélène Hébert sur T.-D. Bouchard et la création d’Hydro-Québec.
9 décembre 1910 Eugène Payan avec le Canadien de Montréal
Eugène Payan, le fils du maire de Saint-Hyacinthe, rejoint le Club athlétique canadien, que l’on connaît aujourd’hui comme étant le club de hockey Les Canadiens de Montréal. Le journal La Presse publie la nouvelle le 9 décembre 1910 : « Il n’y a aucun doute que l’étoile du club de hockey Canadien sera Eugène Payan, de Saint-Hyacinthe. Non seulement Payan est pour le moins l’égal des plus brillants joueurs de la ligue, mais ce qui le distingue des autres et qui le met dans une classe à part, c’est que contrairement à la règle générale, Payan joue pour l’amour du sport, et non pour l’argent. Il a refusé catégoriquement tout salaire, tenant à conserver son titre d’amateur. » (3) Pete Payan comme on le surnomme à l'époque, jouera avec les Canadiens de 1910 à 1914. C’est le premier joueur de hockey maskoutain qui se démarque dans son sport.
Consultez le texte Histoire de glace (2), de Paul Foisy où il est question de la carrière d’Eugène Payan.
16 décembre 1910 Les débuts du quartier Bourg-Joli
À cette époque, Télesphore-Damien Bouchard occupe le poste de greffier de la ville de Saint-Hyacinthe et le groupe de réformateurs dont il fait partie avec la maire Payan, siège majoritairement à l’hôtel de ville. Dans le but d’abolir le favoritisme, un nouveau rôle d’évaluation des propriétés foncières est confectionné par le bureau des évaluateurs municipaux. Georges-Casimir Dessaulles, dernier héritier des terres seigneuriales et ancien maire de la municipalité, possède, au nord de la voie ferrée, cent quarante arpents de terre meuble. « En vertu des anciennes lois municipales, cette portion de territoire bénéficiait jusque-là d’une exemption de taxes municipales. » (4) Dessaulles conteste et ce règle en Cour supérieure. En ce jour de décembre 1910, Georges-Casimir Dessaulles reçoit un jugement défavorable. Incapable de payer les taxes, il vendra ses terres à Télesphore-Damien Bouchard l’année suivante pour le prix de l’évaluation, soit 23 500$. (5) Ce jugement en défaveur de Dessaulles constitue le premier pas dans le développement du quartier Bourg-Joli.
1911 : Le recensement
Lors du recensement de 1911, la population de Saint-Hyacinthe est de 9797 habitants dont 9577 sont d’origine francophone. Plus de 9700 personnes affirment être de religion catholique. (6)
21 au 23 juin 1911 : Le centenaire du Séminaire de Saint-Hyacinthe
Au cours de ces trois jours de festivités entourant le centenaire du Séminaire de Saint-Hyacinthe, on organise un grand banquet réunissant 1500 personnes. En soirée, programme de musique et feu d’artifice comblent de bonheur les invités. À l’occasion de ces fêtes, Charles-Philippe Choquette, supérieur de la maison, publie deux livres relatant le centenaire de cette vénérable institution. (7)
1er juillet 1911 : Le quartier Bourg-Joli
Laissons Frank Guttman raconter les débuts de ce quartier. « T.-D. trouva ainsi une occasion exceptionnelle de gagner une petite fortune. Il n’existait pas de meilleur site en vue du développement de construction d’habitations qui était alors anticipé à Saint-Hyacinthe. En partenariat avec le protonotaire Albini Beauregard et le notaire Victor Morin, de Montréal, il constitua une compagnie à parts égales puis acheta la propriété de Dessaulles. Il organisa ensuite un concours visant à choisir un nom pour le nouveau district qui allait être créé à cet emplacement. Le 11 juillet 1911, les partenaires procèdent à la distribution des prix. Le nom choisi fut « Bourg-Joli ». En un seul après-midi, leurs agents vendirent de nombreux lots à un prix totalisant le double de ce qui avait été payé pour la propriété. De plus, les quatre cinquièmes de la propriété restaient encore à vendre. » (8) Dans ses mémoires, T.-D. Bouchard poursuit : « Dans la suite, j’achetai les parts de mes deux associés. Tout en leur rendant service, cette propriété ne cessant d’acquérir de la valeur, ce fut pour moi un véritable pactole. » (9)
5 janvier 1912 : Parution du journal Le Clairon
Propriétaire depuis quelques années du journal libéral L’Union qui parait de 1873 à 1911 (10), Télesphore-Damien Bouchard change le nom son journal pour Le Clairon. À la page une de la première édition, le 5 janvier 1912, on peut y lire : « En politique notre journal ne sera pas un journal voué aux intérêts exclusifs d’un parti. Les questions politiques seront considérées sous leur valeur intrinsèque, à la seule lumière de l’intérêt public. Notre journal sera libéral; nous avons foi dans les vrais principes libéraux pour la sauvegarde de nos droits religieux et nationaux, et nous serons prêts à combattre pour ces principes envers et contre tous. » (11) Pendant plusieurs décennies, la lutte sera féroce entre le journal libéral et Le Courrier de Saint-Hyacinthe qui est nettement plus conservateur à cette époque.
15 mai 1912 : T.-D. Bouchard, député de Saint-Hyacinthe
Élu avec une majorité de 88 voix (12), Télesphore-Damien Bouchard débute une longue carrière politique en devenant député de la circonscription de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée législative en 1912.
Été 1912 : Le petit train à Gervais
Au printemps 1912, la compagnie American Amusement, dont T.D. Bouchard est le secrétaire, dépose une série de demandes à la Ville de Saint-Hyacinthe. Cette compagnie exécute alors d’importants travaux au Rond Laframboise et au cours de l’été 1912, en plus d’exploiter la piste de course de chevaux et les écuries, elle commandite une équipe de baseball, administre un restaurant et présente des vues animées. (13) Pour compléter le tout, l’American Amusement aménage un petit train qui sillonne les terres de Bouchard en partant de la manufacture E.T. Corset jusqu’au parc Laframboise. Ainsi, les Maskoutains et les visiteurs qui débarquent à la gare peuvent se rendre au parc en empruntant le « p’tit train à Gervais », surnommé en l’honneur d’Alphonse Gervais, gérant de l’American Amusement. Toutes ces belles activités se déroulent sur les terrains appartenant à T.-D. Bouchard et à ses amis. Bouchard refera le même coup en installant la piscine municipale et l’aréna dans le nord de la ville. Peu à peu, il parviendra à vendre tous les terrains de son quartier le Bourg-Joli. Un véritable pactole… qu’il disait dans ses mémoires.
15 février 1913 : La fin du péage sur les ponts
Après des négociations avec le gouvernement du Québec et les propriétaires des ponts, le péage sur les trois ponts de Saint-Hyacinthe devient libre de péages. Lors de la séance du conseil municipal du 31 janvier 1913, on fait la lecture suivante : « Lecture est donnée de la proclamation publiée dans la Gazette Officielle de Québec ordonnant que les trois ponts construits sur la rivière Yamaska seront libres de péages le quinze février mil neuf cent treize ». (14)
8 août 1913 : Reconstruction du kiosque
Lors de la séance du conseil municipal du 11 juillet 1913, on décide de la reconstruction du kiosque qui est situé sur la pointe de terre à l’angle des rues Girouard, Calixa-Lavallée et Mondor. Malgré une requête afin que le kiosque soit déplacé au centre du parc Dessaulles, les élus municipaux décident de reconstruire le kiosque au même endroit. (15)
Consultez le texte de Raoul Bergeron, Une pointe de terre qui a de l’histoire pour en savoir davantage sur ce fameux kiosque.
Notes
(1) « Le verdict du 10 janvier ». La Tribune, 15 janvier 1910, p. 1.
(2) « Un vote de $60.000 » Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 2 juillet 1910, p. 1.
(3) « Payan jouera pour le Club athlétique canadien ». La Presse, 9 décembre 1910, p. 16.
(4) Frank Guttman. Le diable de Saint-Hyacinthe, p. 210.
(5) Télesphore-Damien Bouchard. Mémoires, Tome deuxième, p. 240.
(6) Peter Gossage. Saint-Hyacinthe 1748-1998, p. 30.
(7) Diane Leblanc. Le Séminaire de Saint-Hyacinthe. Deux siècles d’histoire, 200 ans d’éducation (1811-2011), p. 150.
(8) Frank Guttman. Le diable de Saint-Hyacinthe, p. 211.
(9) Télesphore-Damien Bouchard. Mémoires, Tome deuxième, p. 242.
(10) André Beaulieu et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours. Tome deuxième (1860-1879), p. 207.
(11) « Le Clairon ». Le Clairon, 5 janvier 1912, p. 1.
(12) « Scrutin du 15 mai ». Le Clairon, 17 mai 1912, p. 1.
(13) Paul Foisy. « Le parc Laframboise (2) ». Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 4 juin 2009.
(14) « Chronique municipale ». Le Clairon, 7 février 1913, p. 6.
(15) Index des documents déposés. Procès-Verbaux du Conseil municipal Ville de Saint-Hyacinthe 1910-1914. Rubrique Kiosque.
Photo:
Paul F. Payan. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH478.
Cet article est le onzième d’une longue série.
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Paul Foisy, 9 septembre 2020.