Le dernier aspect intéressant, pour décrire le phénomène des inondations à Saint-Hyacinthe, est celui de la résilience. Comme abordé dans la section présentant les statistiques, Saint-Hyacinthe a été frappé par les inondations à plusieurs reprises. Si bien, que pour la population, ces événements n’ont rien d’extraordinaire, devenant presque anodins. Le Courrier relève dans son article sur l’inondation de 1918, que leur journaliste a aperçu sur le deuxième étage des maisons inondées, des gens qui jouaient paisiblement aux cartes et « d’autres [qui] se promenaient en chaloupe et chantaient leurs plus beaux refrains ». Cette vision, certainement idéalisée de ce que pouvait être la vie durant une inondation, nous fait quand même prendre conscience du caractère ordinaire que peuvent revêtir ces épreuves par les gens qui les subissent année après année.
Malgré tout, les inondations n’ont, bien évidemment, rien à voir avec une période de festivité ; la population se voit privée d’eau et d’électricité les empêchant de cuisiner pendant toute la durée de la crue. Si par malheur leurs vivres sont détruites par l’eau, ces gens se retrouvent sans aucune denrée et doivent reposer sur la charité offerte par l’Ouvroir Sainte-Geneviève, les citoyens ou leurs proches. Il est d’ailleurs arrivé que des collectes de fonds soient mises en place par les citoyens afin de venir en aide aux sinistrés. Par exemple, en 1898 un concert de la Société philharmonique de Saint-Hyacinthe et un spectacle d’illusion présenté par Ansbach sont donnés à la demande du maire, Euclide-Henri Richer, afin de ramasser des fonds pour les victimes.
Qui plus est, les inondations peuvent avoir un impact économique important pour la population. Les commerces, les écoles et les industries doivent fermer. Dans les cas où les barrages sont détruits par le courant, la zone industrielle se retrouve complètement paralysée. Ces barrages apportent l’énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des industries. En l’absence de cette énergie, les usines n’ont d’autre choix que de fermer leurs portes le temps des réparations. Les ouvriers se retrouvent ainsi au chômage. Pire encore a été l’inondation de 1862, qui a endommagé tous les moulins à farine de la ville les empêchant de fonctionner :
« Mais le plus grand malheur est que Saint-Hyacinthe se retrouve maintenant sans moulin pour cette année. Où ira cette population si dense qui habite les environs de cette ville pour faire moudre son grain ? Celui qui pouvait aller au moulin avec un minot de blé sur le dos, se retrouve incapable de s’y rendre, par conséquence est sans ressource, sans argent, pour acheter le pain de chaque jour et obligé de recourir à la charité publique. »
- Le Courrier de Saint-Hyacinthe avril 1862
C’est pour dire que ces épisodes amènent une grande précarité à la population de Saint-Hyacinthe qui doivent tout reconstruire avec résilience. Cette attitude rappel sans aucun doute la devise adoptée par la Ville : In Amore et Fortitudine Redivimus (Nous revivons par amour et courage).
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