La destruction


Deux types de destruction semblent imputables à la crue des eaux. Le premier est celle directement causé par le courant de l’eau qui peut parfois être très considérable sur les berges de la rivière. Il y a ensuite celui lié à l’accumulation de l’eau sur le territoire.

Le courant est particulièrement dévastateur lorsqu’il y a une crue des eaux et que le débit de la rivière se retrouve augmenté. Il est si puissant, qu’il peut emporter les ponts et les bâtiments de la ville. Parmi ceux-ci le pont Barsalou est particulièrement vulnérable, puisqu’il est le premier à affronter le torrent. De plus, à une certaine époque, les structures ne sont faites principalement de bois, accentuant leur précarité. Il n’est donc pas rare de voir céder les ponts au fil des débâcles. 

Le courant emporte ensuite tout ce qui se trouve proche de la berge et qui n’est pas solidement ancré au sol. Maisons, moulins, granges, trottoirs sont ainsi fréquemment emportés. Évidemment, le flot emporte tout ce qui est présent dans les rues, comme les charrettes, mais aussi les matériaux de construction. En effet, l’entreprise L-P Morin et Fils fait paraître une annonce dans l’édition du journal Le Courrier de novembre 1927, comme quoi elle aurait perdu du bois de construction durant l’inondation . La scierie demande même à la population de lui rendre ses billots si elle les retrouve sur le bord de l’eau .

Les dégâts causés par accumulation de l’eau, quoique moins spectaculaire, n’en sont pas moins dommageables pour les infrastructures. En effet, les fréquentes expositions aux inondations favorisent la dégradation des édifices, notamment par la moisissure. Même chose pour les meubles et les provisions qui se trouvent à l’intérieur des habitations. L’accumulation de l’eau rend ensuite les routes impraticables et bloque les communications avec les autres villages. 

Les inondations provoquent ensuite bien des dommages au niveau environnemental. En effet, la crue des eaux cause des dégâts aux arbres et aux jardins qui sont situés trop près de la rive, comme durant l’inondation de 1923 : 

«Mais ce qu’il y a de plus malheureux et de plus à plaindre ce sont […] les femmes […] dont les jardins avoisinaient la rivière. Ces jardins peuplés d’arbres fruitiers et plantés de légumes, leur seule ressource, ont été ruinés par les eaux, dévastés […] par la violence du torrent […]. »
-Le Courrier de Saint-Hyacinthe novembre 1923

L’inondation et le courant fragilisent le terrain ce qui peut provoquer des éboulis comme en 1898, où un terrain de 91,5 mètres de long sur 10,5 mètres de large, près du pont de la Société, s’est affaissé dans les eaux . Si l’on appose un regard plus contemporain sur ces inondations, il est possible de spéculer qu’il dût y avoir une contamination des sols. En effet, l’eau touche plusieurs industries riveraines qui, selon les époques, peuvent avoir des matières polluantes comme du gaz ou de l’huile en réserve. Avec l’augmentation du niveau de l’eau, il est possible que ces matières toxiques se soient rependues et qu’elles aient contaminé les sols autour des industries. 

Il est important de noter que malgré toute cette destruction, notre recherche n’a pas mis au jour des personnes décédées des suites de ces incidents. Plusieurs hypothèses peuvent être émises sur cette absence de mortalité. D’une part, il est probable que le caractère inévitable et fréquent des inondations fait en sorte que la population soit bien avertie des dangers reliés à la débâcle. Ceux-ci ont sans doute le temps d’évacuer avant que la situation ne dégénère. D’autre part, l’on peut spéculer que le courant est particulièrement dangereux pour les quelques maisons situées sur la rive et non pas pour la totalité de la zone inondée, limitant le nombre de personnes exposées à un réel danger.

 

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