Plusieurs divertissements comme les courses de chevaux, la crosse et le baseball sont des activités qui jouissent d’une certaine popularité au XIXe siècle à Saint-Hyacinthe. À ces sports qui obtiennent la faveur du public, il faut ajouter les courses d’embarcations qui se tiennent sur la rivière Yamaska.
À Saint-Hyacinthe, c’est à l’été 1870 que l’on pratique cette forme d’activité nautique pour la première fois. Le 23 août 1870, le rédacteur du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe informe le public que « Ceux qui déclarent qu’on s’amuse à St-Hyacinthe ont dit une sottise; il faut dire qu’on s’amuse parfaitement. Il ne manquait qu’une chose à notre récréation : des régates, et nous en avons des régates régulièrement tous les dimanches depuis quinze jours ».
En 1879, l’organisation des régates prend du sérieux alors que les compétitions du 4 août se déroulent sous les auspices du « St.Hyacinthe Boating Club ». Il y a trois compétitions au programme : course d’un mille pour chaloupe à deux rameurs; course d’un demi-mille pour un rameur et finalement une course en cuvette qui ravit les spectateurs.
Mais à cette époque, les activités sportives sont essentiellement pratiquées par les membres de la bourgeoisie maskoutaine, car les ouvriers travaillent de très longues heures six jours par semaine. Le dénombrement des directeurs des régates de 1883 en dit long à ce sujet. On y retrouve les De La Bruère, Dessaulles, Bernier, Côté, St-Jacques, St-Germain, Roy, Tellier, Sicotte, Fontaine, Turcot, Nault, Lamoureux, Duclos, St-Pierre, Pagnuelo, Ledoux et Lamothe. Cette brochette de personnalités est composée de politiciens, professionnels, hommes d’affaires et industriels maskoutains.
En 1884, le point de départ des épreuves présentées par le Club Nautique de Saint-Hyacinthe est situé derrière la compagnie Manufacturière. Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 23 août 1884 confirme, en quelque sorte, la sociabilité de cette forme de divertissement : « … et, tout le long des côtes, des groupes de jolies femmes jetaient la note poétique et riante du concert ce jour-là. Aussi, je connais bien des spectateurs qui aurait aimé savoir manier hardiment la rame en cette occasion, n’eût-ce été que pour cueillir un regard d’une des paires d’yeux noirs, bleus ou couleur de noisette qui s’étalaient au rivage d’une manière si agaçante, un sourire de deux lèvres rieuses, un applaudissement des mains blanches et effilées qui saluaient si gentiment les vainqueurs au passage. »
Au début des années 1890, on veut donner une certaine envergure aux régates. Les communications sont efficaces, puisque des gens de Montréal, Lachine et Saint-Lambert se déplacent pour assister à la fête. Les musiciens de la Philharmonique contribuent à l’atmosphère conviviale. Puis, afin de donner du prestige à l’événement, des prix sont remis aux vainqueurs des onze épreuves. Des prix spéciaux sont également offerts par plusieurs citoyens de la ville. La remise des récompenses s’effectue en soirée, lors du « Bonnet Hop », une danse très populaire à l’époque qui est menée par l’orchestre Bellini.
Pour la bonne société maskoutaine à la fin du XIXe siècle, les régates sur la Yamaska étaient autant d’occasions de se divertir et de sociabiliser.
Illustration:
Dessin illustrant des régates au XIXe siècle. Canadian Illustrated News, 27 août 1881.