Lorsqu’il est question de loisirs, sports et divertissements à Saint-Hyacinthe au XIXe siècle, on ne peut passer sous silence l’aménagement d’une piste de course où se situe actuellement l’ancien Centre culturel, le stade L-P Gaucher et le Centre aquatique Desjardins.
Les premières mentions de la présence du rond de course datent de 1845. À cette époque, cette portion de terre appartient aux enfants du Seigneur Jean Dessaulles décédé en 1835. Avant le partage de la seigneurie en 1852, Rosalie Papineau-Dessaulles confie les affaires de la seigneurie à l’avocat Maurice Laframboise qui deviendra son gendre en 1846. Ainsi, il n’est guère surprenant de retrouver Louis-Antoine Dessaulles comme étant le président du « Turf Club de Saint-Hyacinthe » qui organise les courses vers le milieu du XIXe siècle. D’ailleurs, Dessaulles est également un des actionnaires de la compagnie de chemin de fer qui dessert Saint-Hyacinthe depuis la fin de l’année 1848.
Assez rapidement, les courses de chevaux deviennent très populaires à Saint-Hyacinthe puisque des conditions gagnantes sont réunies pour en assurer le développement. Parmi elles, notons la présence des élites qui viennent, en quelque sorte, en cautionner le bon déroulement. Ensuite, le développement des moyens de transport modernes comme le train favorise les déplacements des spectateurs qui proviennent des environs, mais également de Montréal et de Québec.
La réputation de Saint-Hyacinthe est telle en ce domaine que l’on y tient le «Queen’s Plate» en 1857 et 1860. Cette compétition, la plus importante au pays, amène des milliers de visiteurs qui viennent s’amuser, mais qui contribue à l’économie locale puisque l’activité se déroule sur trois jours. « Le nombre des amateurs, venus de toutes les parties du pays était très considérable. Les Dames, tant de St. Hyacinthe que des paroisses circonvoisines essaimaient sous les grands pavillons des courses, et ont contribué par leur présence à rehausser l’éclat de la fête », note le rédacteur du Courrier de Saint-Hyacinthe le 10 juillet 1857.
En 1865, les courses de Saint-Hyacinthe se tiennent sous le patronage du gouverneur général du Canada, Sir Charles Stanley, vicomte Monck. Lors de ces grandes courses, les organisateurs publicisent l’évènement au Québec, mais également aux États-Unis. Pour assurer le déplacement des visiteurs, ils prennent également des arrangements avec les compagnies de chemin de fer pour que les couts de transports soient réduits. Malheureusement, l’excès de boisson et l’appât du gain amènent certains spectateurs à troubler l’ordre public et les désordres sont dénoncés vigoureusement par les journaux.
Malgré tout, les courses de Saint-Hyacinthe demeurent appréciées et fréquentées par des milliers de spectateurs au cours du XIXe siècle. Pour les Maskoutains, il s’agit d’un évènement majeur au cœur de l’été. Aujourd’hui, on pourrait les comparer à l’exposition agricole qui se tient au même endroit depuis plusieurs décennies.
Photo
Vue des infrastructures du parc Laframboise vers 1910.
Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, CH478/14.