Deux mois, jour pour jour, du grand incendie du 3 septembre 1876, un autre grand incendie fit rage à Saint-Hyacinthe. Voyons ce que l’édition du 4 novembre du Courrier avait à en dire.
"Ce n’était pas assez du terrible incendie du 3 septembre dernier qui dévora en quelques heures, la plus grande partie de notre ville. À deux mois d’intervalle, hier, le 3 novembre, à neuf heures du matin, le tocsin se faisait entendre et une épaisse colonne de fumée s’élevait dans les airs, au grand effroi de tout le monde. Le feu venait de prendre dans le grand établissement de carrosserie de Larivière et frère et le vent qui soufflait alors avec fureur faisait présager pour Saint-Hyacinthe un nouveau et terrible malheur.
Le feu se déclara sur la rue Cascades, dans la petite portion de la ville que l’incendie de septembre avait épargnée, c’est-à-dire dans la partie manufacturière. D’un côté il y avait à craindre pour la grande
manufacture en briques connue sous le nom de manufacture de chaussures de « McMartin, Hamel. » En face c’était la boutique de moulins à battre et les forges de M. Olivier Chalifoux. Puis plus bas le feu se dirigeait vers la grande manufacture de la compagnie de chaussures de Saint-Hyacinthe et des efforts furent faits pour préserver ce magnifique établissement et la manufacture de coffres- forts de F.X Bertrand.
En une heure de temps le carré de maisons compris entre les rues Cascades, Saint-Joseph, la ruelle Saint-Dominique et la rivière furent réduits en cendres, à l’exception de deux maisons près de la manufacture de briques. Une maison appartenant à Dame Labatte, sur la rue Saint-Joseph, la seule qui fut épargnée il y deux mois à cet endroit, a été aussi réduite en cendres. Le feu menaçait tellement l’établissement de notre journal que nous avons été obligé de déménager nos effets. Heureusement que cette fois, nous n’avons point de pertes à déplorer.
On estime la perte à $50,000. Les espaces ravagés par le feu ont été un préservatif pour les maisons neuves qui se sont construites depuis deux mois. Beaucoup croient que si la ville n’eut pas brûlé à la fin de l’été elle n’aurait pu échapper cette fois à l’élément destructeur.
Tous les citoyens ont rivalisé de zèle et d’efforts pour atteindre les flammes et les élèves du Séminaire accourus sur les lieux avec les professeurs ont rendu de grands services. Nous avons eu à constater un manque d’organisation dans le département du feu, et l’aqueduc, nous ne savons pour quelle raison, n’a pas répondu à l’attente du public. À l’endroit où nous étions nous avons constaté que l’eau ne pouvait atteindre le sommet d’une maison en bois à un seul étage."