L’Hôtel-Dieu en flammes!
En une nuit, toute la partie centrale de l’édifice est rasée.
Voici ce qu’en dit Mgr Charles-Philippe Choquette dans Histoire de la Ville de Saint-Hyacinthe : "Il a été dit que toute la population de Saint-Hyacinthe fut témoin sur place de la calamité du 28 novembre 1917. Pendant une demi-heure, les cloches des églises et des chapelles sonnèrent l’alarme et appelèrent au secours. Les collégiens s’étaient réparti la tâche de sauver l’ameublement ; les citoyens recueillirent les vieillards pendant que les dames s’emparaient des enfants et leur donnaient asile ainsi qu’à plusieurs religieuses. La compassion fut générale et expressive. On prétend qu’une allumette mal éteinte jetée par un fumeur serait la cause de l’incendie.
Toute la partie construite en pierre a été la proie des flammes et en quelques heures, il n’en reste plus maintenant que des décombres. Des centaines de personnes se trouvaient dans l’édifice au moment de l’incendie, à savoir des vieillards, des enfants infirmes guettés vers une mort affreuse. On estime qu’entre cinq et six cents personnes furent hospitalisées.
En fait, après cet incendie, les sœurs s’installèrent temporairement dans les deux ailes encore intactes. Il ne reste plus que l’orphelinat.
Dès que fut appris que l’Hôtel-Dieu était la proie des flammes, les cloches sonnèrent dans les églises et les chapelles de la ville pendant une demi-heure. Un train spécial transporta à Saint-Hyacinthe une vingtaine de pompiers et de pompes à vapeur pour circonscrire l’incendie. Selon certains historiens, les dernières paroles du chef Pierre-Agapit Foisy, alors qu’il combattait l’élément destructeur au troisième étage de l’Hôtel-Dieu, furent dites dans ce contexte : il s’éloigna quelque peu du cœur du sinistre pour se rendre à la cuisine en état de faiblesse et de fatigue extrême causé par les efforts surhumains posés afin de circonscrire l’incendie. Il demanda qu’on lui verse un café et avant même qu’on ait pu lui en verser une tasse, il s’écria, pâlissant : s’il vous plaît, donnez-moi une chaise, je me meurs ! Ce furent ses dernières paroles, car à peine assis, il rendait l’âme dans un dernier soupir."
Les funérailles du chef Foisy ne furent pas moins sympathiques.
Mgr Choquette: "La ville en fit les frais avec une pompe extraordinaire. Jamais peut-être on ne vit défiler au centre de la ville un cortège aussi nombreux. Les premiers chants de l’office résonnaient sous la voûte de la cathédrale et des centaines de manifestants attendaient encore à la porte de la maison mortuaire pour prendre rang dans la procession. Celle-ci présentait l’ordre suivant ; en tête la Philharmonique, puis les voitures à incendie chargées de tributs floraux, le chef des pompiers Adjutor Bourgeois, le corbillard escorté de six pompiers réguliers et de six pompiers volontaires agissant comme porteurs, la famille du défunt, le Conseil de ville au complet, les employés municipaux. Les enfants des écoles, la magistrature, les professionnels, les industriels, les organisations ouvrières, la foule. Au chœur, plusieurs dignitaires ecclésiastiques ; dans la nef, le personnel des communautés enseignantes et de leurs écoles témoignait de l’universalité du deuil."
Dans les semaines qui suivirent, une campagne de souscription publique est lancée afin de recueillir plus de 25 000,00 $. La Ville de Saint-Hyacinthe offre pour sa part 15 000,00 $.
Le nom des souscripteurs paraît pendant plusieurs semaines dans Le Courrier avec le montant qu’ils donnent. La reconstruction débuta en 1922.