20 mai 1903

Le troisième grand feu

Le temps est sec et ensoleillé. Un fort vent de l’ouest soulève la poussière dans les rues non pavées. Sur l’heure du midi, le feu éclate à la manufacture Côté, au coin des rues Saint-Antoine et Saint-Hyacinthe (Hôtel-Dieu). L’alarme est donnée par un employé de la fonderie Dussault et Lamoureux.

Aussitôt, les neuf pompiers réguliers et les 15 pompiers volontaires qui composent la brigade des incendies sont sur les lieux. Déjà, le feu enjambe la rue Hôtel-Dieu et la fonderie Dussault et Lamoureux est en feu pour se propager aux maisons avoisinantes.

L’unique pompe à vapeur ne peut suffire à la tâche. À deux heures, la manufacture Hudon et la buanderie Nationale, sur la rue Saint-Antoine, brûlent. Le maire St-Jacques demande l’aide aux pompiers de Montréal qui arrivent vers 2 h 45.

Se rendant immédiatement compte que la situation est tout à fait hors contrôle à cause du vent, ils se postent sur la rue Saint-Antoine avec l’intention de sauver l’ouvroir Sainte-Geneviève. À cet instant, deux cents maisons flambent et d’autres sont menacées. Le tohu est effrayant. En plus du crépitement du feu, du fracas des effondrements, et des cris de gens, on entend le hennissement et les cris de mort de nombreux chevaux, poulets et porcs qui seront les seules victimes.

Vers cinq heures, le vent diminue. On commence  faire le décompte des pertes : sept manufactures, l’ouvroir Sainte-Geneviève, l’académie Girouard et 29 carrés de maisons répartis sur quatre rues de hauteur et onze rues transversales.