Au moment où la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne – soit le 4 août 1914 – le Canada se retrouve du même coup impliqué dans ce conflit qui devient rapidement mondiale. À l’époque, la plupart des belligérants croyaient que la guerre se terminerait avant les célébrations de Noël. Dès le 8 août, quatre citoyens de Saint-Hyacinthe d’origine française partent : « pour aller se mettre à la disposition du consul français à Montréal et s’embarquer par le prochain transport pour le continent [européen] ». Deux semaines plus tard, treize militaires maskoutains du 84e bataillon se portent volontaire pour faire partie du premier contingent du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Le 23 août 1914, des milliers de personnes assistent à leur départ, sous des airs exécutés par la Société Philharmonique de Saint-Hyacinthe.
Un effort de guerre lié à l’économie
Au-delà de l’enrôlement de volontaires, l’effort de guerre maskoutain se traduit également par une aide financière et par une convergence économique des industries de la région. Tout au long du conflit, les conseillers municipaux de Saint-Hyacinthe adoptent des résolutions vouées à l’octroi ou à la collecte de fonds monétaires pour venir en aide à la France ou pour financer les dépenses du gouvernement canadien durant la guerre. Un bel exemple de cet effort financier est l’octroi d’une somme de 250 $ servant à secourir les sinistrés de Halifax touchés par l’explosion accidentelle d’un cargo français transportant des munitions à destination de l’Europe. Survenu le 6 décembre 1917, ce triste événement fait 1 963 morts et 9 000 blessés dans la capitale de la Nouvelle-Écosse. De leur côté, certains industriels locaux bénéficient de contrats gouvernementaux favorisant l’embauche de maskoutains pour la confection de bien nécessaire à l’effort de guerre. Œuvrant dans le domaine du textile, la Penman’s paie une publicité dans l’édition du 18 mai 1917 de La Tribune de Saint-Hyacinthe où on peut lire : « Filles demandées. Bons gages, ouvrage permanent ». L’adaptation des citoyens à la réalité contraignante de l’époque s’observe également à travers certaines initiatives citoyennes, comme la création de « jardins de guerre ». Ces espaces laissés à la disposition des habitants peuvent ainsi être cultivés pour l’aménagement de potagers servant à atténuer les pénuries liées à la guerre.
Enrôlement volontaire ou conscription
Bien qu’un engouement existe au début de la guerre quant à l’engagement militaire, l’enthousiasme démontré par la population s’essouffle rapidement. Devant cette réalité, le gouvernement conservateur de Borden considère la possibilité de recourir à la conscription. Plusieurs Maskoutains – qui ne voient pas d’un bon œil l’enrôlement obligatoire – font part de leurs inquiétudes aux membres du conseil municipal. Le 6 juin 1917, ces derniers adoptent une résolution selon laquelle il est nécessaire : « de s’opposer à tout projet de conscription sous quelque forme que ce soit, tant et aussi longtemps que le peuple du Canada n’aura pas été consulté à ce sujet, par voie de plébiscite ou d’élections générales ». Le 1er juillet de la même année, plus de 3 000 personnes assistent à une assemblée publique au kiosque de la rue Girouard, où plusieurs orateurs prononcent un discours dans lequel ils s’opposent à la conscription. Les élections fédérales de novembre 1917 donnent toutefois raison au gouvernement conservateur pro-conscription de Borden, bien que la population du Québec s’oppose en masse en votant pour le parti libéral de Wilfrid Laurier.
Fêtes et inquiétudes
Malgré les divergences d’opinion que connait la population durant la guerre de 1914-1918, la signature de l’armistice mettant fin aux hostilités le 11 novembre 1918 est bien accueillie par tous les Canadiens. D’ailleurs, aussitôt la nouvelle connue, les autorités municipales de Saint-Hyacinthe accordent un congé civique. « Et on eut vite fait de décorer les édifices publics et toutes les résidences. Les automobiles, les voitures de place, les bicycles même qui ont été aperçus étaient aux couleurs bleu, blanc et rouge ». Bien que réjouissante, la fin de la guerre a également amené son lots d’inquiétudes au sein des autorités municipales, notamment avec les risques de propagation de la « Grippe espagnole ». Quelques semaines avant la signature de l’armistice, le conseil adopte une résolution prohibant les assemblées publiques. Cette résolution est toutefois annulée lors de la séance du 8 novembre 1918 sous prétexte que « l’épidémie est maintenant enrayée ». Au final, 109 personnes seraient décédées à Saint-Hyacinthe des suites de la contraction du virus.
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