THÉÂTRE
/ FRANÇOISE LORANGER
La vie par-dessus tout
Françoise Loranger naît le 18 juin 1913 à Saint-Hilaire.
Son père, le juge Joseph-Henri Loranger et sa mère, Marguerite
Lareau, descendent tous deux dune famille de la grande bourgeoisie
qui compte dans sa lignée quantité davocats, décrivains
et de politiciens. Des noms comme Louis-Joseph Papineau y figurent; le
grand-père de Françoise fut ministre de la Justice dans
le gouvernement Chapleau. De cette famille de gens délite
aux allures parfois guindées, Françoise Loranger reçoit
en héritage une grande ouverture et une liberté desprit
ainsi quune soif de culture ; héritage dans lequel lauteure
puise toute sa vie durant.
Très tôt, Françoise Loranger sintéresse
à lécriture dramatique. Sa rencontre avec Robert Choquette,
auteur reconnu, lui ouvre les portes de lécriture de romans-feuilletons
pour la radio. Avec ce dernier, elle co-écrit pour Radio-Canada
Le vieux raconteur (1938) et Dans ma tasse de thé
(1938-1939). De 1940 à 1943, Françoise Loranger fait cavalier
seule et signe des radio-feuilletons qui sont diffusés à
Radio-Canada et CKAC : Ceux quon aime, aussi publié
en feuilleton dans Radiomonde en 1940, et La victoire par lépargne.
En 1943, elle signe La vie commence demain; Les Mercier suivront,
en 1949. Lauteure écrit aussi pour les journaux. Au début
de la Deuxième Guerre mondiale, alors quelle est âgée
de 26 ans, Françoise Loranger envoie un texte à la Revue
populaire, qui le publie presque aussitôt. Suivront ensuite
des nouvelles et des textes divers publiés dans le Bulletin
des agriculteurs, la Revue moderne et le Quartier Latin.
Après avoir écrit pour la radio et la télévision,
Françoise Loranger se tourne vers lécriture théâtrale.
De 1965 à 1970, elle produit cinq pièces dont les sujets
font couler beaucoup dencre. En 1964-1965, la dramaturge assume
la direction artistique du Théâtre du Trident et donne aussi
des cours de création littéraire à luniversité
Laval. Puis, réfugiée dans sa retraite de campagne, à
Saint-Marc-sur-le-Richelieu, elle se consacrera exclusivement à
la recherche spirituelle jusquà la fin de sa vie. Françoise
Loranger meurt le 5 avril 1995, à lâge de 81 ans.
L'oeuvre de Françoise Loranger
Françoise Loranger est fière dappartenir à
la grande bourgeoisie et, dans ses uvres, elle décrit bien
le milieu qui la en quelque sorte façonnée. Les
revues, la radio, la télévision et le théâtre
sont autant de canaux qui lui permettent de communiquer sa vision du
monde au plus de gens possible; ici, la popularité de ses uvres
confirment sa réussite.
Parce quelle lui offre plus de liberté, François
Loranger abandonne lécriture télé romanesque
pour le théâtre. Ainsi, entre 1965 et 1970, elle écrit
cinq pièces et devient lune des dramaturges les plus importantes
du Québec, bouleversant le théâtre dici autant
dans sa substance que dans sa forme. La plupart des pièces de
Françoise Loranger sont basées sur des événements
de la vie socio-politique québécoise. En 1965, avec sa
première pièce Une maison, un jour, présentée
au Théâtre du Rideau vert, lauteure fait sa marque.
Jusquen 1970, elle est intarissable : Encore cinq minutes
(1967), Le chemin du Roy (1968), qui lui aurait été
inspirée par la venue du général de Gaulle au Québec,
Double jeu, mis en scène par André Brassard (1969),
et Médium saignant (1970), inspiré dévénements
survenus lannée précédente au conseil municipal
de la ville de Saint-Léonard à propos de la question linguistique.
En 1971, Françoise Loranger publie un recueil de deux textes
inédits : Jour après jour (un télétexte)
et Un si bel automne, qui se veut un scénario de film
ayant comme toile de fond les événements doctobre
1970. Le sujet est trop explosif et le film ne se tourne pas. Dès
lors, Françoise Loranger disparaît brusquement de la scène
du théâtre et de lécriture.
Françoise Loranger, qui a traversé presque tout le 20e
siècle, demeure une figure de proue de la littérature
québécoise. Par son écriture, elle a su voir plus
loin que son milieu, son époque, plus loin aussi que les préjugés
et la peur individuelle et collective. Son uvre théâtrale
a suscité beaucoup de thèses, même jusquà
la Sorbonne. Cette auteure de chez nous a su créer des personnages
vrais qui révèlent une autre facette de notre personnalité
collective. Toujours actuelle, lécriture de Françoise
Loranger est profondément inscrite au cur des grands enjeux
humains que sont la vie, la mort, lamour, la quête didentité
et la recherche spirituelle.
ARCHIVES ET DOCUMENTS
http://www.lanctotediteur.qc.ca/loranger.htm
http://www.aqad.qc.ca/PAGES/AUTEURS/ResumePieces/loranger_francoise.htm
Loranger, Françoise, La dame de cent ans, Montréal, Lanctôt
éditeur, 2000, 70 p.
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