Labbé Gadbois, comme tous ceux, nombreux, qui supportent
son uvre, na jamais caché son intention dutiliser
la Bonne Chanson pour freiner les influences étrangères
propagées par le cinéma, les journaux et surtout
la radio, influences qui érodent les bonnes murs
et lascendant idéologique de lÉglise.
Il coule de source que ce noble objectif reçoit laval
des autorités religieuses et scolaires, dont la formidable
machine institutionnelle met tout en uvre pour le voir réussir.
Ainsi, et cela sans remettre en cause la qualité de luvre,
qui est incontestable, la Bonne Chanson doit beaucoup de sa popularité
à laction énergique dune minorité
de clercs et de bourgeois canadiens-français conservateurs,
pénétrés dune mentalité très
vieille France.
En 1941, lattachement à lancienne mère-patrie
sexprime sans réserve par lexpédition
au maréchal Philippe Pétain, à la tête
du gouvernement de Vichy sous lOccupation, des albums de
la Bonne Chanson déjà publiés. Dans une lettre
du 27 mars 1941 quil prend le soin décrire
personnellement, le Maréchal dit voir dans luvre
de labbé Gadbois « un témoignage particulièrement
émouvant des liens de cur et desprit qui unissent
la France à votre beau pays ».
Selon Diane Hamon Poirier, dans son mémoire de maîtrise
Les valeurs de la Bonne Chanson (1985),
Lobjectif des clérico-nationalistes consiste à
promouvoir les valeurs de la société traditionnelle,
valeurs quils idéalisent en quelque sorte : religion,
langue, traditions ancestrales, vie rurale, retour à la
terre, famille nombreuse, obéissance religieuse, respect
passif à lautorité, morale rigide, etc.
Finalement, on peut dire que les valeurs que véhicule la
Bonne Chanson évoquent les forces principales sur lesquelles
sappuie lidéologie de la survivance canadienne-française.
Quelques titres de la Bonne Chanson
La feuille dérable, dAlbert Larrieu,
première chanson inscrite au répertoire;
Cest laviron qui nous mène en haut,
folklore;
Le cur a besoin de lamour, paroles et musique
de labbé Gadbois;
Ô Canada, mon pays, mes amours, de Georges-Étienne
Cartier;
Le temps des pommes, de labbé Gadbois;
Le temps des sucres, de labbé Gadbois.
Souvenir
dun vieillard, chanson traditionnelle enregistrée
par Albert Viau en 1940, puis reprise par plusieurs chanteurs
jusquen 1995.
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