Un Maskoutain remporte le Grand Prix de Montréal!

Il y a 20 ans, le 14 juin 1997, le pilote maskoutain Bertrand Godin remportait avec brio l'épreuve de Formule Atlantique du Grand Prix de Montréal.

Quelques jours plus tard, il partage ses commentaires dans le s pages du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe. Voici ce qu'il disait à l'époque...

Un scénario rêvé

« A mon arrivée sur le circuit Gilles- Villeneuve, j’étais loin de me douter de vivre une fin de semaine aussi satisfaisante. Malgré le bon travail effectué par toute l’équipe Player’s lors d’essais privés, il y avait la hantise d’apprendre un nouveau tracé, et nous étions conscients que d’autres équipes possédaient déjà les réglages nécessaires à la voiture. Le jeudi, en compagnie de Richard Spénard, j’ai marché sur la piste afin de repérer certaines petites tactiques qui pourraient être efficaces.

La journée du vendredi s’est très bien déroulée. Lors de la séance d’essai, une grosse surprise nous attendait, car j’étais plus rapide de 7/10 sec. que le deuxième concurrent. La voiture n’était pas parfaite et des réglages ont été effectués dans le bon sens. Nous avions une petite interrogation car le ciel était menaçant; la pluie allait-elle tomber pour la qualification?

Heureusement, tel n’a pas été le cas et, le couteau entre les dents, j’ai foncé sur la piste. Mon ingénieur, Kelly Lowan, me disait que j’étais le premier mais je continuais à pousser la voiture à fond. Un moment donné, j’ai même effectué un tête-à-queue. Lors de cette séance, j’ai battu le record du tour détenu par Patrick Carpentier et le temps réalisé m’a permis d’obtenir la pôle position. C’est plaisant de gagner une course, mais obtenir la position de tête est spécial car ça représente la vitesse pure: vous êtes le plus rapide de tous.

Le samedi, lorsque le vert a été donné, je voulais garder la tête et distancer les autres pilotes. Malheureusement, j’ai relâché la puissance un peu trop brutalement, ce qui a provoqué le patinage des roues arrière. Je me suis donc retrouvé en troisième position peu après le départ. Lors du premier tour, j’ai observé le comportement de la voiture. Rapidement, j’ai doublé le deuxième concurrent, puis je me suis mesuré avec le premier pour revenir en tête. Au fil des tours, j’ai pris une avance de près de dix secondes sur mon plus proche rival. Dix tours avant la fin de l’épreuve, les lumières de pression d’huile, de température d’eau et d’huile se sont allumées. Un rapide coup d’oeil sur les cadrans m’indiquait que l’alarme était réelle. J’ai alors diminué un peu le rythme afin de ménager la voiture. La course s’est bien déroulée, et le travail des signaleurs a été impeccable car ils avertissaient très tôt les retardataires de ma présence derrière eux. Finalement, mon ingénieur ne m’a pas signalé le dernier tour. Lors de mon arrivée à l’épingle du pont Jacques-Cartier, j’ai aperçu les milliers de spectateurs se lever d’un bond; j’ai alors réalisé que c’était le dernier tour. À la fin de la course, j’avais vécu le scénario rêvé.

À Montréal, la course était aussi importante que toutes les autres. Ce qui était vraiment spécial, venait de la présence de la foule, tous ces gens qui font que vous êtes assis au volant de ce bolide. Obtenir la pôle et remporter l’épreuve était ma façon de vous remercier...»

Photo: 
Bertrand Godin au volant de son bolide.
Photographie Paul Foisy. Collection Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH211.